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Le maudit trafic

Pour plusieurs d’entre nous, se déplacer est devenu un véritable casse-tête. Aller au travail et en revenir doit être organisé et planifié, en partie parce qu’on habite à des dizaines de kilomètres de ce dernier. Bien souvent, l’offre de transport en commun est soit coûteuse, soit inefficace, lorsque ce n’est pas les deux. Le problème est surtout présent dans les grands centres urbains, comme à Montréal avec son infinité de couronnes de banlieue, mais aussi à Québec — seule ville de taille moyenne faisant malheureusement partie du top 20 des endroits les plus congestionnés au Canada selon CAA.

Le trafic est un signe de mal-être de notre société. Une étude de 2015 montre d’ailleurs un lien direct entre le trafic et l’épuisement professionnel. En effet, la chercheure Annie Barreck souligne qu’« à partir de 20 minutes de transport, on constate que les taux d’épuisement professionnel sont plus élevés », surtout lorsque les déplacements sont effectués dans un environnement que l’on ne contrôle pas, comme le trafic.

Et ça, c’est sans parler du pétrole et de ses conséquences élevées sur la pollution atmosphérique. Rappelons-le, le secteur des transports et celui de l’exploitation pétrolière et gazière représentent à eux seuls la plus grande part des émissions canadiennes de gaz à effet de serre, d’après un rapport du gouvernement fédéral de 2016.

Pourtant, on persiste à voir le trafic comme un mal nécessaire : que peut-on faire d’autre? À force de vivre, de naître et de grandir dans un système, on en vient à penser qu’il s’agit de la seule façon d’organiser une société. C’est l’allégorie de la caverne de Platon all over again.

Comme on le constate de plus en plus, les déplacements en voiture requièrent beaucoup d’espace. Et l’espace, lui, est limité. Un jour, et on le ressent déjà, on n’aura plus le choix de repenser nos déplacements. C’est déjà le cas dans d’autres villes, comme à Paris, qui depuis quelques années s’engage dans un projet de réaménagement. L’administration constate en effet que 50 % de la superficie totale de la capitale est consacrée aux voitures, alors que ces dernières ne représentent que 13 % des déplacements.

Il s’avère que les solutions au trafic sont nombreuses et, surtout, avantageuses. Certaines villes qui ont la chance de ne pas baigner autant que nous dans la culture automobile ont organisé leur mode de vie autrement, comme Houten, une banlieue aux Pays-Bas.

Le modèle Houten

Houten est une banlieue typique des Pays-Bas. Elle est située à environ 20 kilomètres d’Utrecht, où la plupart de ses 50 000 habitants travaillent. Un peu moins de 50 % des gens vivant à Houten possèdent au moins une voiture et, statistiquement, il y a plus d’un espace de stationnement disponible par habitant.

Pourtant, l’auto occupe une place minoritaire à Houten. En effet, la ville a été conçue de manière à ce que les déplacements à pied soient favorisés. L’usage des voitures est principalement limité à une route encerclant la ville. À l’intérieur de cet anneau (en jaune sur la carte), les rues sont étroites et les vitesses maximales sont peu élevées. Au total, le réseau cyclable s’étend sur plus de 125 km. On est loin du réseau de Shawinigan!

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Houten compte également en son centre deux stations de train, amplement fréquentée par les habitants, dont la grande majorité se trouvent à moins de deux kilomètres de commerces essentiels.

La ville a principalement été organisée de cette façon dans les années 1960. Comme la culture du vélo et du train est très forte aux Pays-Bas, il a été décidé que la ville serait conçue non pas pour les voitures, mais pour les piétons et les cyclistes.

Que peut-on faire chez nous?

Évidemment, il faudrait favoriser la culture du transport en commun. Tout le monde y gagnerait, même les automobilistes aguerris qui verraient les routes moins congestionnées qu’auparavant. Appuyez les initiatives militantes dans votre quartier, exercez votre droit de vote en encourageant un maire qui soutient de tels projets.

Développer un réseau cyclable convivial et pratique, même l’hiver, est aussi une solution. Pour favoriser son utilisation et le rendre sécuritaire et familial, ce réseau doit être développé à même les routes existantes tout en étant physiquement séparé de l’espace réservé aux voitures, comme on l’a fait à New-York :

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Et à Copenhague :

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Et même si vous n’êtes pas très vélo, vous pouvez toujours appuyer un projet de métrobus (pas le soi-disant métrobus de Québec, mais un vrai métrobus, qui passe aussi souvent et aussi rapidement qu’un métro). En effet, selon Charles Montgomery, auteur de l’excellent livre Happy City : Transforming Our Lives Through Urban Design, le métrobus est un moyen efficace, et de loin le moins coûteux, pour une ville d’intégrer le transport un commun à son système de déplacement.

Qu’est-ce qu’un vrai métrobus?

Un vrai métrobus, c’est un bus qui possède sa propre voie réservée — physiquement séparée (par un muret, par exemple) des voies consacrées à l’automobile — sur l’entièreté du trajet qu’il effectue. Cette façon de faire assure que les automobiles ne nuiront pas à sa rapidité. De cette manière, emprunter le bus représenterait un avantage réel pour les utilisateurs.

Malgré tous les avantages que les transports en commun procurent, sur les plans environnemental et social notamment, certains élèvent la voix pour dénoncer leur prétendu coût élevé. Il est pertinent de rappeler que le système routier coûte à lui seul très cher à la société. L’utiliser de manière plus efficace serait non seulement plus rentable à long terme, mais aussi plus sécuritaire et meilleur pour la santé.

Il ne s’agit pas de « faire la guerre aux voitures », comme on entend souvent. Il s’agit plutôt de lui redonner la place qui lui revient, et de reconnaître que, si l’automobile nous a bien servi depuis les années 60, son utilisation excessive et la création de banlieues dont le fonctionnement repose essentiellement sur sa présence crée aussi des problèmes. Il s’agit de redonner la ville aux citoyens, de leur offrir un environnement sain, de démocratiser les déplacements. Il s’agit de respecter ce qu’on sous-estime trop souvent  par manque de créativité : notre qualité de vie.

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