« Dis moi que tu ne m’aimeras plus jamais. Que c’est vraiment fini. Que ça ne reviendra jamais nous deux. J’ai besoin de l’entendre pour passer à autre chose. Pour arrêter de t’attendre. De t’espérer. »
J’ai jamais su comment bien répondre à ça. Comment être certaine que ma vie ne croiserait plus jamais la tienne. J’ai de la misère à savoir comment ma journée de demain va se passer, alors prendre une décision pour le reste de ma vie, ça me coupe le souffle.
Je peux pas te lancer des « plus jamais, je te déteste » parce que c’est pas vrai. Parce que t’as rien fait pour que se soit fini. Parce qu’on a jamais échoué notre relation, elle a juste dévié, j’ai dévié.
J’ai eu peur, j’ai eu envie de voir ailleurs, j’ai été tannée de te faire de la peine, j’ai eu trop de pression de te répondre « moi aussi », j’ai eu l’impression qu’on s’en allait nulle part, que c’était pas si important que ça pour toi, nous deux, et quand une autre main a pris la mienne en me disant que j’étais la plus importante, j’ai eu envie de voir si c’était vrai, eu envie de voir à quoi ressemblait le « être bien » par là-bas.
Je n’ai jamais voulu te décevoir, te blesser, être ambiguë, te faire espérer, te faire attendre.
Jamais voulu te perdre, jamais voulu te faire sentir moins que ce que tu es.
Mais te dire que je ne t’aimerai plus jamais…
Il y a une personne qui m’a dit ça dans ma vie, et je ne l’ai pas crue quand elle me l’a dit et je ne la crois encore pas à ce jour, alors est-ce que je peux dire que sa réponse m’a réellement aidée à passer à autre chose?
Je peux pas te dire que je ne t’aimerai plus jamais, parce que je le sais pas.
Il y a trop de trajets à vélo qui porte ton nom, trop d’albums de musique, trop de parcs, trop de restaurants déjeuner, trop d’odeurs, trop de vêtements, trop de pièces de mon appartement.
Les souvenirs ne s’effacent pas parce qu’il y en a d’autres qui s’ajoutent. Ils restent là, ils sont beaux et je les aime encore beaucoup.
Mais c’est facile pour moi de ne pas tirer un trait, parce que je garde juste le beau entre nous, parce que c’est moi qui est partie, parce que c’est pas moi qui a subit le départ de l’autre.
Peut-être que j’aurais du m’abandonner d’avantage avec toi, peut-être que j’aurais dû nous donner une meilleure chance, peut-être que j’aurais dû arrêter d’avoir donc peur de m’engager, d’aimer.
Mais j’étais pas capable. Pis c’était pas de ta faute.
J’avais la peine d’amour au bord des lèvres et le cœur dans le plâtre. C’est une question de timing.
Mais est-ce que si c’est pas le grand amour ça veut dire que c’était pas de l’amour pareil? Est-ce que si ça s’est terminé pis que c’était ma décision ça veut dire que je reviendrai plus jamais?
Je pense qu’on a dessiné dans la marge de plein de pages de mon histoire, pis que ces dessins-là resteront toujours les nôtres. Pis qu’au lieu de penser à ce que ça aurait été, faut sourire en pensant à ce que c’était.
Fais-moi confiance, c’était pas rien, pis c’était beau.
Mais oui, là, je suis ailleurs, je suis bien, je dessine dans les marges de mon histoire avec des crayons de couleurs, j’oublie presque la peine d’amour que j’avais au bord des lèvres et on a retiré le plâtre qui soignait mon cœur. C’est comme ça, un plâtre qui devait durer trois ans pas plus pas moins, c’est drôlement faite la vie.
Alors merci d’avoir été là, de m’avoir trouvé belle et drôle et extraordinaire alors que je savais pas être autre chose qu’une peine d’amour. Merci de m’avoir laissé être entière et sincère. Merci d’y avoir cru pour deux, ou de t’en être foutu avec moi. Merci de m’avoir présentée à tes parents comme une amie chère. Merci de m’avoir fait rire, d’avoir été doux. On aura jamais trop de douceur dans une vie.
Merci d’avoir été exactement ce dont j’avais besoin, t’aurais pas pu mieux faire. Alors cherche pas la faute dans ton ventre, tu la trouveras pas. T’as été parf, même si je sais que ça serait plus simple que je te dise que je te déteste.
Je t’ai jamais menti, je commencerai pas aujourd’hui.
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