S’il y a bien quelque chose qui m’irrite le plus, c’est d’entendre les gens me dire à outrance : « Ah j’te comprends dont! »
Mais pourtant…
Comment pouvons-nous réellement comprendre la douleur d’une personne lorsque nous ne sommes pas dans ses souliers? Comment pouvons-nous vraiment comprendre les questions qui la hantent la nuit alors qu’après tout, nous ne sommes pas dans sa tête? Comment pouvons-nous avoir l’audace de dire « pour avoir vécu la même chose, je te comprends » quand dans les faits, nous ne pouvons pas réellement comprendre, car nous ne l’avons pas vécu de la même façon qu’elle?
En quelque sorte, je suis consciente que nous pouvons tenter de nous transposer quelques instants dans les bottines de l’autre. D’essayer de faire abstraction de ce qui serait juste pour mieux voir ce qui se passe actuellement dans la vie de la personne, mais l’exercice n’est pas facile à réaliser.
Je suis aussi consciente que par notre nature humaine, nous allons dire aux gens « je te comprends » pour leur démontrer que nous avons entendu ce qu’ils nous partagent, ce qu’ils nous confient. Où cela m’irrite, c’est lorsque j’entends une personne dire qu’elle comprend, car après tout, la situation vécue est similaire.
Cela m’irrite, car nous ne pourrons jamais comprendre entièrement comment une personne peut se sentir, même si nous avons vécu une situation similaire. Nous pouvons comprendre qu’elle vit de la joie, de la tristesse, de la frustration face à une situation quelconque, car des émotions, ça peut se voir, se ressentir et surtout se verbaliser.
C’est tout un exercice là aussi de ne plus utiliser le « je te comprends » à outrance, je le concède. J’ai fini par m’y habituer et je l’utilise de plus en plus pour des raisons que je trouve plus valables : soit pour démontrer que je suis présente pour la personne et non pour mettre l’emphase sur ma petite personne, car nous aurions pu vivre une situation similaire. Souvent je vais l’utiliser pour aller chercher une confirmation, par exemple : « je comprends ton point de vue, mais… »
Je suis tout à fait consciente aussi que l’empathie n’est pas donnée à tous. Certaines personnes l’ont plus facilement que d’autres, d’autres en ont peu (voire pas du tout) alors que d’autres en ont trop, au point de s’oublier parfois. Par contre, je demeure convaincue que lorsqu’un.e ami.e vient te demander de l’aide, de l’écoute et/ou du support, il.elle ne veut pas entendre ce que tu as vécu, mais bien sentir que même si plus rien ne va plus, elle peut te faire confiance pour qu’ensemble vous puissiez trouver des pistes de solutions.
C’est pourquoi, avec le temps, j’ai appris aux gens de mon entourage à arrêter de me dire qu’ils me comprennent lorsque nous avons vécu des situations similaires, car au bout du compte, nous ne réagissons pas de la même manière face à cette situation. Peut-être que cette situation similaire a été pour lui.elle un coup de vent dans sa vie, alors que pour moi, je brave, dans ma petite chaloupe, une tempête en pleine mer.
Et Dieu seul sait que c’est beaucoup plus intéressant de savoir que nous allons ramer à deux dans une mauvaise passe que d’entendre une personne te dire quoi faire, car après tout, elle est déjà passée par là.
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