C’est toujours sans l’ombre d’un doute qu’on entend. On se fait répondre comme s’il ne devait jamais y avoir d’ombre, juste de la lumière lorsqu’on prend position, lorsqu’on prend une décision.
Et pourtant. S’il y a une chose dont je suis certaine, c’est que y’a de l’ombre pas mal partout, pas mal dans tout, aussi. Et il y a de l’ombre partout parce qu’il y a de la lumière partout. Si on s’arrête un moment, on comprend bien que l’ombre n’existe pas sans la lumière. Ce n’est que parce qu’il y a de la lumière qu’il y a une possibilité d’une part d’ombre.
Dire sans l’ombre d’un doute, est-ce que ce ne serait pas finalement dire sans être éclairé?
C’est plutôt injuste, car l’ombre est souvent incomprise. On lui fait porter des caractéristiques qui ne lui appartiennent pas. Elle n’est pas forcément sombre, elle peut être douce et apaisante. C’est elle que nous cherchons durant les journées chaudes d’été, c’est elle qui nous protège des rayons de soleil qui brûlent notre peau. Elle nous permet de nous poser, de nous reposer. Elle n’impose ni éclat ni mouvement. C’est un fragment en suspens, c’est un abri du temps.
Le doute, lui, nourrit notre réflexion. Être, c’est ne pas toujours savoir, c’est aussi accepter que notre vérité est plus souvent partielle que totale. La force du doute relève précisément de cela : savoir reconnaître que l’on détient une partie de vérité et que la partie de l’autre n’est pas forcément mensonge. C’est le mal de toutes les guerres, parce que chacun se considère dans la lumière.
C’est donc dire que notre existence passerait par la nuance. Par l’affirmation que chaque être humain a sa part de lumière et sa part d’ombre. Et que c’est le cas pour tout ce qu’on entend aussi. Notre vérité n’est souvent que partielle. On ne peut pas voir la même chose que l’autre, parce qu’il n’est pas là où nous sommes. C’est une question de perspective.
Et je vous dis ça, tout de même, avec l’ombre d’un doute.
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