Des fois, le flou, c’est bien. Le flou, ça fait du bien même. Tu sais quand tu essaies de courtiser ton monsieur ou ta madame et que tu te retrouves dans l’univers du «je ne sais pas si il/elle veut de moi ou pas». Les petits papillons, les maladresses, les petits sourires en coin. Je m’ennuie du flou.
La dernière fois que le flou m’a scié les jambes en deux, c’était il y a de cela des mois. Des mois que je ne peux même plus compter sur les doigts d’une seule main. Si vous vous teniez à côté de moi sur le coin de la rue en entendant que le flot de voitures vous laisse traverser, vous le remarqueriez sûrement pas.
Je veux pas déclarer la guerre au célibat, ni vous donner l’idée de la déclencher. Loin de moi l’idée de me retrouver dans le film 300, version célibataire en chasse. Pas chic chic, on va se le dire. Je suis aussi loin d’être prête à tout pour me trouver un monsieur: selon moi, faut apprendre à être bien seule avant d’être bien à deux. Mais y’a un bout à tout hen.
On aura beau dire ce qu’on veut, qu’on est indépendant comme ça se peut pas pis qu’on aime le célibat: l’humain a besoin d’aimer et d’être aimé.
Entre vous pis moi là, on jase: vous trouvez pas qu’une des plus belles étapes dans une relation, c’est le début? Le flou, justement.
Le flou qui coupe carrément l’appétit, qui nous fait taponner notre sandwich tout en fixant le lointain avec un petit sourire. Ça me manque en innocent ça. Tout comme le premier «toute» : le premier baiser, le premier fou rire, la première marche main dans la main. Je pourrais continuer à vous en beurrer aussi épais que je mets de beurre de peanuts sur ma toast le matin. Ça vous manque pas?
Quand on regarde les autos passer avant de traverser la rue, on regarde à droite. À gauche. Pis à droite encore. Peut-être que le flou passe du côté gauche, le côté où on regarde le moins. On sait jamais.
Je me répète souvent que, l’amour, ça se trouve partout. Je le sais parce que j’ai déjà trouvé un flou dans un partout.
Mais là, le flou me manque.
Pis je trouve pas y’est caché où, le partout.
Au pire, je pense que le père Fouras a dû me donner la mauvaise clé quand j’ai répondu à son énigme.