Le temps des fêtes…Cette période de l’année qui fait vivre tellement d’émotions. D’un côté, on est content de pouvoir souffler un peu, de faire la grasse matinée un mardi matin et de manger des biscuits peu importe l’heure de la journée (ou de la nuit!). On vit des moments où on se sent proche de notre enfance et de ceux qui ont fait de notre vie ce qu’elle est.
D’un autre côté, le temps des fêtes vient aussi avec son lot épuisant de réunions familiales et de travail. Malgré le fait qu’on adore ces personnes avec qui on partage de bons souvenirs ou nos journées au bureau, il n’en demeure pas moins qu’elles peuvent être parfois très différentes de nous. Surtout si on est un.e millenial endurci.e végano-anti-capitaliste-body-positive et qu’on cringe à voir la quantité de papier d’emballage à usage unique utilisée pour les cadeaux, ou à écouter pour une énième fois tante Nicole nous énumérer le nombre de marches autour du bloc qu’elle fera la semaine prochaine pour mériter cette pointe de tarte.
Si toi et ton surplus de cernes qui dit « je viens de passer au travers d’une fin de session » anticipez parfois un peu Noël en craignant devoir vous épingler un sourire dans le visage, laisse-moi te donner quelques trucs pour profiter du temps des fêtes avec authenticité.
Selon moi, le secret réside dans le filtre. C’est simple : tout le monde peut faire ce qu’il veut dans la vie. Si tu t’abstiens de passer un commentaire sur le 3ième mariage de mononcle, t’as le droit de t’attendre à la même chose venant de ton entourage.
Je te préviens, tu ne seras pas toujours d’accord avec ce qui va se dire. Être vegan parmi des chasseurs, avoir une forte conscience environnementale parmi ces gens qui viennent au party en Ford F-150, ne pas aimer boire parmi des gens ivres qui t’aiment soudainement beaucoup trop, alors que pourtant, ils n’ont pas donné signe de vie depuis 2015.
Rappelle-toi que ce soir, ce n’est pas le moment. Pas le moment de souligner ces divergences d’opinions. C’est important de passer par-dessus ce qui vous différencie pour vous rappeler ce qui vous unit. Parce que peut-être qu’eux non plus ne comprennent pas tes motivations de renoncer à la tourtière. Même si tu expliques encore la définition des concepts d’antispécisme et d’éthique animale. On a tous des réalités et des degrés de sensibilisation différentes. Les enjeux d’aujourd’hui n’avaient aucune importante au temps de tes grands-parents, c’est normal qu’ils y portent moins attention. Ils ne suivent sûrement pas Greenpeace sur Instagram pour se tenir au courant de l’ampleur des dégâts. Il seront peut-être juste contents de pouvoir encore sortir en coton ouaté encore en décembre : « 2º à ce temps-ci de l’année?! C’est tu pas merveilleux ‘ienque un peu, hein, Ginette? Il va pleuvoir lundi prochain! La saison de ski va être douce ! » Tu auras 364 autres jours pour faire de la sensibilisation sur le réchauffement climatique. Aujourd’hui, à moins que ton interlocuteur témoigne d’un réel désir de cultiver son savoir : don’t. Just don’t. Laisse le focus aux jeux de cartes un peu démodés, aux conversations un peu shallow et aux baby cut carrots dans le plateau de crudités. L’heure n’est pas à se battre sans relâche pour ses convictions. C’est toi qui finiras par s’épuiser, et crois-moi, tu l’es déjà assez comme ça.
Résiste à cette envie folle de dire haut et fort « OK, Boomer. »
Cependant, souviens-toi que tu as tout autant droit au respect. Un party n’est pas une passe VIP pour aller à shaming-town. Si un commentaire te dérange, nomme-le. Ne le laisse pas te tourner dans la tête toute la soirée. Par exemple, ton apparence physique ne devrait regarder personne. Si on commente ton corps, je t’invite à lancer un petit regard furtif/inquiet suivi de la phrase : « Mon doux, j’avais pas réalisé que mon physique t’intéressait à ce point-là, je suis un peu secoué.e » Ça place un joli petit malaise flottant qui sera vite dissipé par une tante riant trop fort, qui va inévitablement parler de son voyage à Varadero. Au moins, toi, tu te sentiras bien. Tu as le droit de dire à Nicole qu’elle est belle comme elle est et qu’elle n’a pas besoin de marcher quotidiennement pour aimer la tarte aux pommes. Désamorce doucement et dans la délicatesse les bombes que notre société un peu tordue a implantées dans les esprits à travers les années et que notre génération de révolutionnaires changera petit à petit.
Il ne s’agit pas ici de provocation, mais d’amener une perspective différente sur plusieurs points.
Surtout, autant que possible, lâche ton cell et profite de ces moments. Je suis moi-même coupable d’être de cette génération de réseaux sociaux, mais j’aime me rappeler qu’Instagram sera encore là demain, dans un mois, dans cinq ans…ma famille, elle, on ne peut jamais prévoir.
Bref, tu as le droit d’être pleinement toi, même le 25 décembre. Que tu manges de la tourtière ou non. Que tu ressembles à l’année passée ou non. Que tu fasses de grandes études ou non.
Joyeux Noël !
Source : Unsplash