Une collègue rédactrice à la FabCrep m’a donné un défi d’écriture qui a pour thème les contes de fées que nous réclamions toujours lorsque nous étions enfants avant d’aller au pays des songes… J’espère que je saurai le relever avec succès! Bonne lecture! ?
Source
Est-ce que chaque soir, quand vous étiez kids, vos parents vous lisaient des histoires avant que vous ne sombriez dans le monde des rêves? Moi, oui! Plus spécifiquement quand c’était le tour de lecture de mon père, lui et moi, on construisait des « tentes » dans ma chambre avec les couvertures, les coussins, les oreillers, la lampe de poche et tout le kit! Je capotais ma vie quand on faisait ça! Et ça, c’est sans parler de tous les univers fabuleux que je découvrais entre les pages des livres qu’il me lisait!
Je veux dire, qui, étant enfant, n’a pas déjà rêvé d’être le roi Arthur, la reine Guenièvre, la « Jedi » Mulan, la brillante Belle ou même cette chère Blanche-Neige, qui chantait la pomme à ses amis les animaux?
Je pense que le fait que nous nous identifiions à ces héros et à ces héroïnes et que nous idéalisions leurs vies fait en sorte qu’ensuite, durant la majeure partie de la nôtre, nous sommes en quête pour retrouver ces sentiments de magie, d’espoir et de sécurité qui nous habitaient lorsqu’on nous lisait ces contes si chers à nos cœurs.
J’ai aussi l’envie, ou plutôt le besoin, de vous parler de ce qui se passe après la lecture de l’histoire, lorsqu’on éteint la lumière. Je parle littéralement, mais aussi métaphoriquement, du moment où, plus tard dans notre enfance, l’espoir fervent que nous avions s’éteint lui aussi et que l’on est forcé.e de vieillir, de s’apercevoir que les contes de fées, ça n’existe que sur papier…
Dans mon cas à moi, la lumière s’est éteinte vers l’âge de 11 ans, lorsque j’ai réalisé avec horreur que je ne pourrais jamais physiquement ressembler aux princesses de mes livres de contes. À ce moment précis de ma vie (je m’en souviens comme si c’était hier), j’étais en train (d’essayer!) d’escalader un tout petit mur dans le gymnase de l’école. Mes jambes ne s’agrippaient pas et je tombais. J’étais triste, démolie même.
Source
Le soir, en rentrant, j’ai demandé à ma mère : « Maman, pourquoi est-ce que je ne peux pas grimper comme les autres? Pourquoi est-ce que leurs jambes ne sont pas pareilles aux miennes? » Et ma mère de me répondre quelque chose comme : « C’est parce que tu es handicapée, ma chérie. C’est pour ça que tes jambes sont un peu différentes. » Ça m’a fait l’effet d’une bombe! Je venais de découvrir ma déficience physique. Mon monde s’est écroulé. Fini les contes de fées, les princesses aux jambes parfaites qui marchent droit. Je n’en étais pas et n’en serai jamais une…
5 ans plus tard. J’ai 16 ans.
Je commence à sombrer tranquillement dans l’une des périodes les plus noires de ma vie. Elle durera presque 10 ans. Un jour, dans l’espoir de me distraire, je « gosse » sur Internet.
Hop! Tout d’un coup, mon œil averti tombe sur un article (ou plutôt sur une sorte d’« histoire ») qui relate l’existence d’une femme admirable. Son nom? Chantal Petitclerc. En voyant la photo à côté du nom, je brûle de curiosité et je clique sur le lien. Je découvre alors que Chantal a été victime d’un terrible accident à 13 ans qui lui a brisé la moelle épinière, lui paralysant complètement les jambes. Elle se déplacera en fauteuil roulant pour le reste de ses jours…
Je poursuis ma lecture et je constate avec stupéfaction que Chantal deviendra la championne paralympique la plus connue de toute l’histoire paralympique.
Doucement, mon cœur s’allège un petit peu. Déjà, l’espoir le fait battre plus fort. Forte dans ma lancée, je continue de chercher, de me lire à moi-même ces histoires qui me manquent tant.
Les années passent. Je vieillis et je prends de la maturité. Terry Fox, le coureur unijambiste canadien, Grand Corps Malade, un slameur et poète français qui a réappris à marcher malgré un diagnostic de paralysie, Lazylegz, un danseur de breakdance handicapé, et Melody Gardot, une chanteuse pop qui vit encore avec les séquelles d’un grave accident (pour n’en nommer que quelques-uns), apparaissent bientôt dans ma barre de recherche. Je jubile. « Je ne suis réellement pas seule », me dis-je. « Je peux faire de grandes choses moi aussi si je m’y mets. »
Les histoires, là, c’est ça que ça fait : ça crée de l’espoir et l’espoir, ça fait vivre! Que ça soit Mulan, Grand Corps Malade ou la Belle au bois dormant, ce sont tous et toutes des princes et des princesses. Alors, nourrissez-vous d’eux et d’elles et lisez! N’attendez pas que d’autres le fassent pour vous!
Cheers! ?
Source photo de couverture : freestocks.org