Neuf ans. Je crois que c’est l’âge que j’avais quand mon père m’a dit de commencer à faire attention aux desserts si je ne voulais pas me ramasser avec un surplus de poids comme matante Solange, la tante de ma mère (qui devait peser pas loin de 300 livres).
J’ai réalisé beaucoup plus tard qu’il voulait seulement m’aider. Comme je subissais déjà beaucoup d’intimidation à l’école, il ne voulait pas que je sois obèse en plus. C’était sa façon à lui d’essayer de me protéger. Les câlins et les « je t’aime », ce n’était pas naturel pour lui.
Il est décédé en 2011. On dit que c’est lorsqu’on perd quelqu’un qu’on prend réellement conscience de sa valeur. À plusieurs reprises depuis son décès, j’aurais donné n’importe quoi pour qu’il soit là, avec moi. Aujourd’hui, si j’en avais le pouvoir, je le ramènerais. Pour qu’on puisse donner une autre chance à notre relation. Take 2, comme on dit.
Mon père a fait ce qu’il a pu avec le bagage qu’il avait. Mais n’empêche qu’à cause de tout ça, je n’ai jamais réussi à développer une belle relation avec lui. La jeune fille que j’étais aurait eu besoin de cet amour-là, en particulier de la part de son père. Car mine de rien, tout ceci aura eu un impact majeur sur mes futures relations amoureuses.
Des garçons, j’en ai rencontré une couple dans ma vie. Même si je peux affirmer que chacun d’entre eux m’aura apporté quelque chose de positif, un bagage de plus pour mon baluchon d’expériences, j’ai aussi, par le fait même, cumulé plusieurs échecs amoureux. Et ça, c’est rough sur la confiance en soi.
Nous, les filles, avons souvent tendance à rechercher notre père à travers nos amoureux. Ce fut mon cas. Je l’ai même trouvé, il y a 8 ans. La copie conforme. Les mêmes qualités et les mêmes défauts. On ne sera donc pas surpris de savoir que ça n’a pas duré.
Il y a près d’un an, j’ai eu un genre de grosse remise en question. Je venais de revivre une rupture amoureuse, j’étais à l’autre bout du monde (Québec, c’est beau, mais c’est loin en titi de ma famille et de mes proches), à vivre toute seule en appart’.
Et là, j’ai décidé de mettre ma vie sur pause et de réfléchir un instant.
J’ai réalisé que j’étais dans un pattern. BOUM. Pas pour rien que j’attirais toujours le même genre de gars. La petite fille un peu brisée, qui a manqué d’amour durant son enfance, recherchait un sauveur qui allait la guérir de ses blessures.
Mais ça ne marche pas comme ça.
À ce moment-là, j’ai compris que je devais apprendre à me guérir moi-même. En prenant du temps pour moi, tout simplement. En saisissant cette opportunité que j’avais d’être complètement seule, pour me reconnecter avec tout ce qui me faisait du bien. En prenant soin de moi chaque jour, du mieux que je pouvais.
Par bouts, c’était dur. Vraiment, même. Mais c’était nécessaire.
À cette même époque, je suis tombée sur un article de blogue qui donnait un conseil intéressant pour trouver le ou la bon(ne) partenaire de vie : faire une liste avec les qualités qu’on souhaitait retrouver chez l’autre et la lancer dans l’univers. Je me suis dit que je n’avais rien à perdre et je me suis prêtée à l’exercice.
Oh boy. L’homme de ma vie devait avoir 36 skills?! J’allais devoir être patiente…
Pas tant que ça, finalement.
Quelques jours plus tard, j’étais sur Facebook Rencontre et je suis tombée sur un gars que je connaissais de vue. Ce gars, c’était aussi l’ami d’enfance d’une très bonne amie à moi. T’sais, quand on dit que le monde est petit! Je commence donc à parler avec lui et, clairement, ça clique. On réalise bien vite qu’on a plusieurs points en commun. La première date n’a donc n’a pas tardé.
Cette date-là, qui a eu lieu il y a près d’un an, et toutes celles qui ont suivi, ont été magiques. Je sais, ça fait cheesy. Mais c’est comme si on se connaissait depuis toujours. Comme si son âme avec reconnut la mienne.
Mon amoureux, il ne m’a pas sauvée. Mon processus de guérison n’est pas terminé, loin de là. Mais plus ça va, plus il me fait voir ce sur quoi je dois travailler pour être plus en paix avec moi-même.
Jamais je n’aurais pensé vivre ce genre de relation. Chaque jour, on choisit d’être là pour l’autre et d’évoluer en équipe. Et j’aime de plus en plus la femme que je deviens à ses côtés.
Oh et j’oubliais… il possède aussi les 36 qualités de ma liste!
Par Natasha Lafontaine
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