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Vouloir toujours plus

Je veux toujours plus. Je ne sais pas si ça te fait ça, des fois. Mais moi, ça me le fait tout le temps. Je veux tout, tout de suite et tout le temps. Tu sais, se contenter de ce qu’on a… j’ai vraiment de la misère. C’est comme si chaque fois que je vis quelque chose de vraiment palpitant, de vraiment satisfaisant dans ma vie, je veux le reproduire, le faire durer plus longtemps ou encore, le vivre en continu.

Exemple : je suis en train de m’acheter un chandail et déjà je pense à m’acheter le collier et les bottes qui iraient bien avec. Je sors d’un spectacle qui m’a vraiment plu et déjà je veux acheter un autre billet pour un artiste semblable. Je suis en voyage en Floride et déjà je suis en train d’organiser mon prochain périple au Vietnam. Ça ne s’arrête jamais.

Ce côté de ma personnalité m’a un peu fait suer durant les derniers mois. Pourquoi? Parce qu’il m’a donné l’impression de ne pas être heureuse et de ne pas faire ce que je voulais vraiment. Pourquoi? Parce que le voyage que j’avais commencé à organiser pour la fin du mois de septembre (oui, oui, genre là là) n’a finalement pas fonctionné. Pour diverses raisons, la personne qui devait m’accompagner ne pouvait plus. Du coup, je me suis retrouvée seule dans ce projet. Mais, voyager en solo, c’est plus ou moins ce que je voulais. Donc, la mission fut tout simplement sabordée. À mon plus grand désespoir.

Et malgré tout ce que j’ai pu essayer, penser, rien ne me permettait de réaliser mon voyage de rêve cet automne. Je me suis donc inscrite à l’université comme si c’était un échec. Et même si mon programme était celui de mes rêves, je n’avais pas envie d’y aller. J’avais comme un goût acidulé sur la langue quand je pensais que j’allais être assise sur les bancs d’école plutôt qu’être en train d’explorer des temples cambodgiens. Bref, je voyais mon entrée à l’université comme la fin de quelque chose plutôt que le commencement.

Cependant, une personne proche de moi, alias ma fée marraine, m’a dit quelque chose qui m’a fait réfléchir. Et ce n’est pas la première fois qu’elle me le dit. Mais bon, cette fois-là, ça m’a vraiment calmée en dedans : « Faut pas trop pousser dans la vie, si ça marche pas facilement, c’est parce que ce n’était pas dû pour arriver maintenant ». OK, ce n’était peut-être pas dans ces mots-là (je suis désolée, marraine, me semble que ça sonnait mieux que ça quand tu me l’as dit), mais en gros, c’est ce qu’elle voulait dire.

Et là, je me suis calmée. Je me suis arrêtée et j’ai décidé de regarder autour de moi. Et je me suis rendu compte que j’étais vraiment bien foutue. Non, je n’aurai peut-être pas visité l’Asie cet automne, mais je sais qu’un jour, le bon moment viendra et je vais l’attraper sans me poser de questions. Mais en ce moment, ce qui se présente à moi, c’est l’université. Et ce programme d’études littéraires qui a l’air beaucoup trop sur la coche. Et son profil international qui est venu me titiller l’intérieur. Et mes meilleures amies qui habitent à tous les coins du Québec et qui me font découvrir de belles places pas si loin de chez moi. Et Québec que je découvre de plus en plus grâce à Pokémon Go et à mon frère qui veut toujours chasser à des heures pas possibles. On l’a trouvé, ton Charmander. Maintenant, on peut-tu dormir? Pas vrai, tu le sais que j’aime ça aller attraper des Pokémons avec toi.

Bref, je me suis aussi rendu compte que vouloir toujours plus, ça m’a empêché de vivre dans le moment présent. Au lieu d’apprécier ce que j’avais quand je l’avais, je pensais juste à la façon dont je pourrais le récupérer une seconde, une troisième, une quatrième fois. Vouloir quelque chose qui n’est peut-être pas mûr pour arriver maintenant, c’est comme essayer de nager à contre-courant. Faut faire attention à ça, parce que sinon, on a l’impression de toujours chercher quelque chose d’inatteignable. En plus, ça peut être fatigant pour le moral.

Tout ça pour dire qu’il faut que tu cesses de toujours vouloir plus. Parce que si tu continues comme ça, tu vas perdre de vue ce qui est vraiment important. Je n’avais pas remarqué tout ce que j’avais déjà parce que j’étais trop occupée à vouloir obtenir ce que je n’avais pas encore. Arrête-toi et regarde autour de toi. Tu as beaucoup plus que ce que tu penses.

Et s’il y a quelque chose que tu voulais vraiment et qui, finalement, ne fonctionne tout simplement pas, ce n’est pas grave. Ce n’est pas la fin de ton rêve ou de ta vie. Il va t’en arriver plein, des belles affaires. Que tu les aies imaginées, rêvées ou enviées longtemps. Des fois, c’est mieux comme ça. Désirer une chose pendant une longue période de temps peut lui donner une valeur qu’elle n’aurait jamais atteinte si tu l’avais eue tout de suite.

Ou bien elles vont peut-être juste te tomber en pleine face, les belles affaires. Et parfois, c’est ça qui est le mieux. C’est ce qui rend la vie belle. Faut juste lui faire confiance.

Par Émilie Lalo

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