Jeudi soir, un lobby d’hôtel de Londres. Les âmes vaillantes se retrouvent, au cœur d’un lieu bouillonnant d’idées et de travail acharné.
Et au beau milieu de ces laptops allumés, de ces centaines de yeux rivés sur leurs écrans, une jeune guédaille fébrile.
Cette guédaille-là, c’est moi. Cette guédaille-là, elle est fébrile, parce qu’elle est sur le point de faire ce qu’elle a toujours voulu faire, sans y arriver auparavant.
Cette guédaille-là s’apprête à se lancer officiellement en affaires.
Les premières démarches ont commencé il y a déjà plus d’un an. Des démarches relativement concrètes : des ventes, un produit, une approche unique, des cartes d’affaires, un nom officiel, toute.
Mais aussi un manque de dévouement, de temps, et surtout un marché inadapté pour l’offre.
L’idée de lancer un site transactionnel ainsi qu’une plateforme pour héberger le contenu complémentaire m’effrayait à l’époque.
Et si ça ne fonctionnait pas, mettons? Et si je perdais gros d’argent dans tout ça?
Et si j’allais avoir l’air d’une grande nouille, han?
Et si, et si, et si.
Maintes et maintes fois, je me suis rapprochée du stade « enwèye, go ma chumme, lance-toi ». Puis, à la dernière seconde, je capotais. J’avais peur. J’arrêtais. Je me disais que le moment n’était pas le bon. Je trouvais une excuse pour justifier un arrêt des démarches.
Mais ce jeudi-là, dans mon nouveau pays d’adoption, alors que la ville s’animait de plus en plus alors que le soleil tombait, quelque chose s’est produit.
Au lieu d’avoir peur, j’étais excitée. Folle comme de la marde, comme ils disent.
J’avais hâte de me lancer et de voir le succès se pointer.
J’ai eu une poussée de peur, évidemment. J’ai eu le moton à la gorge. Sans doute un petit filet de sueur aussi.
Mais je suis passée par-dessus. J’ai troqué la chair de poule par une frénésie interne, par un sourire béat alors que je sélectionnais mon gabarit de site web. Alors que j’écrivais concrètement mon plan d’affaires, ma vision, ma mission.
Je ne sais pas de quoi aura l’air le futur. Si ça va fonctionner. Si je vais perdre ou faire de l’argent. Si je vais avoir l’air d’une grande nouille.
Mais une question a supplanté toutes ces peurs :
Et si ce projet est la meilleure décision que j’aurai prise dans ma vie?
Crédit photo couverture : Drew Coffman pour Unsplash