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Faire ses débuts

Comme dans : je vais apprendre une nouvelle affaire, essayer quelque chose d’inusité, me mettre à un nouveau sport. Joindre un groupe de X. Un club de Y. Une salle d’entrainement Z. Une ligue de.

Tu ne réalises pas ce que ça implique quand tu décides de sauter. Tu te dis « ça va être cool, je vais rencontrer du monde, m’exiter de la routine ».

Tu te ramasses un mardi soir en suit de sport, à attendre que la séance commence. Que le moment fatidique arrive, sur le bord d’une passerelle attaché à un un harnais. Tu patientes avant de sauter en bas, dans le vide, ou de grimper au sommet d’une falaise, de donner un coup de pagaie dans des rapides, de frapper une puck avec un bâton, de ramer dans un bateau dragon. C’est à peu près à ce moment-là que tu te demandes WHAT the hell? À quoi T’AS PENSÉ?

Si tu as commencé une nouvelle activité après l’âge de 25 ans, tu sais que ça prend beaucoup d’humilité, commencer. Tu te voyais t’élancer dans ton nouvel outfit, vivre le thrill et la réussite la 1ère fois. T’aurais voulu avoir l’allure de Marianne St-Gelais en patin à vitesse; tu as plutôt la stabilité d’une girafe sur la glace. T’as chaud, des mouvements hésitants, mais une détermination de FEU. Oublie pas de rester humble et indulgent avec toi-même. Pour faire ses débuts, il faut que tu prennes le temps, que tu aies de l’enthousiasme x 1000 et un lâcher-prise sans fond.

C’est sûr, dans certaines activités, tu es mis sous le spot light plus que d’autres. Se mettre à la bouffe vegan dans ta cuisine, c’est pas comme te joindre à une team de volleyball. Ou se diriger au bâton avec ton bat de baseball; la foule de ton hood rassemblée pour t’encourager. Je sais, t’es juste en compétition avec toi-même, personne n’est là pour juger, etc. MAIS ça prend du guts pareil, et en vieillissant, on dirait que c’est pire.

Faut que ça te tente, de t’enligner dans une pente école avec les 0-5 ans qui te clanchent. Debout sur ton snow, avec ton casque de location rose Barbie (tu aurais voulu passer inaperçue parce que tu commences, mais curieusement, c’est rarement le cas). Tes chums sont smatts et te supportent quand même. Ils viennent faire la familiale 1 ou la 2 avec toi quelques fois (puis ils repartent pour les pistes double losanges noirs).

Tu peux quand même choisir des débuts moins rough. La course. Des débuts à la mode, style le yoga. Des débuts qui ont de la classe ou de l’originalité, qui fit avec ton statut d’adulte actif et branché, genre : le swing acrobatique.

Y’a des débuts plus louches que d’autres, qui font qu’on se demande si ça va bien dans ta vie. La lutte, avec un masque pis toute. Des débuts qui questionnent le pourquoi du comment. La cornemuse. Le curling.

Des débuts exotiques, qui peuvent se faire à l’extérieur du pays. Qui sont peut-être plus faciles à assumer : apprendre à danser au Burundi, faire du sandsurfing au Pérou.

Des débuts qu’on s’impose, parce qu’on veut qu’IL nous trouve tellement cool. Les échecs. Le vélo de montagne. Des débuts qu’on choisit parce que ça l’intéresse LUI mais, AUSSI parce que ça te tente. Ce beginning te stresse plus. T’as peur. T’aimerais découvrir que tu es un prodige : de la plongée, de la grimpe, de l’accro-yoga, pour qu’il soit encore plus in love avec ta personne. Sache que dans les yeux de L’AUTRE, s’il fit avec toi, tu seras LA plus, LE top, LA meilleure, LE best. Même si la fille d’à côté est née sur une planche de surf. Qu’elle a grimpé sur un mur avant de savoir marcher. Tu vas rester THE ONE même si t’es toute crispée et que tu sues de partout. Avec ton expérience 0, prend ton souffle, saute avec tes palmes, pis regarde SON sourire de te voir essayer. T’as peut-être pas le beachbody de la Californie, mais t’es quand même la plus merveilleuse avec ton nouveau tuba.

Commencer, ça demande beaucoup de courage, d’énergie, de naïveté. Malgré le plan, ton maillot pis tes googles sont restées dans ton tiroir depuis l’hiver. Fais-toi en pas, on a tous des ambitions qui ne voient pas toujours le jour. Un début par saison, c’est assez. Y’a quand même des limites à l’exposure qu’on peut endurer à certains moments de nos vies – le teint blême de février, un maillot one piece. Un CASQUE DE BAIN. T’avais besoin de te dépasser, pas de te sentir aussi bien dans ta peau qu’une adolescente en quête de son soi-même.

Parait qu’en vieillissant, il faut tenter de redécouvrir l’enfant qui sommeille en nous. Revenir à ce qui nous faisait triper quand on était p’tits. Même si c’est pas sexy, même si c’est pas viril. Même si ça implique de s’en aller tout croche avec un casque sur la tête, se planter dans un nuage de poudreuse, monter une côte à côté de ton vélo, avoir des bleus aux jambes, pratiquer des pas de danse dans ton salon.

Apprends, réalise que tu t’améliores, enjoy la satisfaction qui vient avec. Tu feras jamais les Olympiques, peut-être de triathlon ou même de 10km. Tu grimperas peut-être jamais des 5.12. Mais juste d’être là, en équilibre précaire sur tes patins à glace, assis debout sur ta planche de surf, c’est déjà tellement hot. Tu es courageux, aventureuse, game. J’te donnerais un collant « bravo pour ta persévérance ».

On pense qu’on est trop vieux pour commencer des affaires, mais quand tu vois un monsieur de 82 ans courir un marathon, tu te dis…c’est dans ma tête. Jamais trop tard pour faire ses débuts.

À la fin, y’a aussi des commencements plus marquants que d’autres, cutes, plein de feux de Bengale, de feelings comme des trucs qui s’envolent en toi quand tu LE vois. Des débuts qui startent par from now on, on est ensemble.

Source photo couverture

Par Josiane Regimbal

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