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Le deuil de soi

Aujourd’hui, je vous fais une grande annonce : on meurt tout le temps.

C’est vrai. Prenez le temps d’y penser vraiment. Notre vie au quotidien est constituée de petites morts : on meurt un peu quand on cesse d’aimer une chanson qu’il nous faisait si plaisir d’entendre ou quand on réalise qu’on n’aime plus un aliment qui nous rendait fou auparavant. On meurt aussi quand on choisit (ou qu’on y est forcé) de laisser tomber des amitiés rendues nocives qui avaient été la cause de temps de joie. On meurt beaucoup, surtout, quand on réalise qu’on a cessé d’aimer quelqu’un, alors qu’on croyait que c’était pour la vie.

Et puis, on meurt quand on apprend : on s’éduque, on comprend, on laisse aller certains préjugés et on acquiert de nouvelles connaissances. On est différent, plus accompli, moins porté à juger. C’est une belle mort, mais c’est une mort quand même. On subit en grandissant la mort de nos utopies, avec la réalisation que la vie est beaucoup plus compliquée qu’on se l’était imaginée. On vit la mort de notre innocence, quand on rencontre la première personne qui nous fait vibrer, puis la première personne à nous amocher.

J’ai vécu au moins trois grandes morts. Voyez, pendant la majorité de ma vie, j’ai été une athlète. Je mangeais, je buvais, je vivais pour le sport. Tennis, école, tennis, école, toujours, encore. Puis, un jour, ce cycle s’est arrêté. Je suis devenue une étudiante à temps plein et une sportive de loisir. Ce n’était plus moi : c’était une nouvelle moi. J’ai du faire le deuil de la personne que j’étais. Puis, j’ai commencé à écrire. J’ai toujours écrit, mais là, c’était différent. Je faisais plus qu’écrire : j’étais lue. Tout d’un coup, un autre monde s’est ouvert à moi. J’ai commencé à peindre, à écrire des paroles de chanson, j’ai même écrit un roman. Je suis devenue une artiste. Certains diront que cette artiste a toujours été en moi, mais je pense plutôt qu’elle est née des cendres de la personne que j’étais avant. Il n’y a de la place que pour une vraie moi à la fois.

Ce qu’on vient à réaliser en grandissant, en mourant, c’est que la vie est un parcours de deuils. On y est exposé dès notre plus jeune âge, dans les films de Disney, alors que Moufassa git inerte sous les larmes d’un Simba déchiré. Déjà, à cet âge, on associe la mort à la fin de quelque chose, à une tristesse, à un grand vide. Mais qu’en est-il de nos morts individuelles, constantes, celles qui nous permettent de revivre? On parle de la mort comme quelque chose de sombre, mais je ne vous parle pas de la mort qui signifie la fin. Je parle des phénix, des serpents qui perdent leurs peaux, des larves qui deviennent des papillons.

Le deuil, ce n’est pas toujours quelque chose de négatif. Parfois, il faut laisser aller la personne que l’on était afin de devenir celle qu’on veut être, et ce, encore et toujours ; c’est un cycle constant. On ne peut pas être tout à la fois et on ne peut pas non plus n’être qu’une seule chose toute sa vie. On doit apprendre à dire adieu à nous-même pour pouvoir avancer.

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