Ma belle cocotte, tu es si grande, mais si petite. Dans tes petits yeux bleus comme le ciel, tu ne vois que les fées et les papillons d’une manière si réelle que tu réussis à me les faire voir. Ton intelligence sensible me mouille les yeux. On dirait que tu sais déjà c’est quoi la vie. C’est quoi la tristesse d’un adulte, c’est quoi la tristesse d’une maman qui voit son enfant partir à toutes les semaines chez papa.
J’aimerais être une meilleure maman pour toi, celle qui va te porter à la garderie en se faisant chauffer les fesses dans l’auto, être la maman qui ne t’emmène jamais à la pizzeria parce que ça ne me tente pas de faire du macaroni. J’aimerais être une maman qui a toute la patience du monde, qui trouve ça drôle que tu ne dormes pas encore à 22 h un dimanche soir, qui est assez courageuse pour se fâcher, j’aimerais être une maman comme les autres. Pas de cheveux mauves, pas de tatouages, pas de Converse avec des bas de laine dans les pieds. J’aimerais avoir un travail de bureau et passer toute ma fin de semaine avec toi, collées à regarder des films et à manger du popcorn.
Mais je ne peux pas, ce n’est pas la personne que je suis. Ma belle amour, tu as une maman qui ne comprend même pas c’est quoi être une adulte encore, qui n’a même pas de permis de conduire et juste un 3 ½ pour t’accueillir à la maison. Tu es tombée sur une maman qui n’a pas de scolarité, pas de titre officiel. Tu es tombée sur une maman qui rush des fois. Tu as une maman qui arrive en retard, qui oublie ta baguette magique pour ton déguisement d’Halloween, qui oublie de te laver les dents le matin, entre mettre les bottes et courir pour ne pas manquer l’autobus. Tu as une maman qui oublie que tes oreilles entendent tout et qui laisse aller 2-3 sacres quand elle pogne les nerfs après la clé qui entre pas bien dans la serrure, ou après l’autobus qui nous passe dans face. Tu as une maman qui apprend la vie en se frappant la tête contre un mur de briques ben ben dur, qui se relève et qui recommence, jusqu’au prochain obstacle.
Jamais je ne te limiterai à une voie qui n’est pas la tienne. Toujours, je te soutiendrai dans tes décisions, que tu aies 5 ans ou 35 ans. Je ne serai jamais la meilleure mère au monde, mais je serai la tienne. Celle qui travaille avec la broue dans le toupet pour te faire du pâté chinois en revenant de la garderie parce que c’est ton repas préféré (même si j’aime pas ça). Celle qui va toujours t’aimer, celle qui va toujours écouter ce que tu auras à dire même si tu es une enfant. Celle qui pleurera ton départ, mais qui saura te partager avec les autres, parce que tu ne m’appartiens pas, tu appartiens à la vie.
Et cette vie, c’est la tienne.
Je serai la maman qui te montrera c’est quoi le bonheur, la beauté de l’amour et la douceur d’un sourire. Je serai celle qui t’apprendra à te battre contre vents et marées pour voir une lueur de bonheur au loin.
Ma chérie, sûrement que je ne te rends pas la vie plus facile, mais sûrement que je te la rends plus belle.
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