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Vendredi soir, 22h10. L’air est bon et frais à Munich. Le ciel étoilé se dévoile sous nos yeux, alors que nous sortons de l’aéroport en direction de notre Airbnb.

Celui qui a coûté 1 200 $ pour trois nuits. Pour deux personnes.

Non, il n’est pas construit en or. Non, il ne vient pas avec un butler nommé Gérard. Non, il ne comprend pas du papier de toilette doux fancé à la longueur de l’espace.

C’est juste que bon, c’est la première fin de semaine du fameux festival Oktoberfest. Impossible de trouver un logis à prix raisonnable dans le coin pour cette fin de semaine-là, à moins de réserver sa place avant-même d’avoir atteint sa majorité.

Je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Dans ma tête, l’Oktoberfest, c’est une version costumée de mes initiations d’université : tout le monde saoul comme une botte sur de la bière cheap. Quand mon copain m’a proposé il y a quelques mois d’y aller avec ses amis, j’ai immédiatement accepté, sans vraiment faire trop de recherches en amont sur le sujet.

On monte dans le taxi pour nous rendre à notre logis dispendieux. On jase avec le chauffeur, il est ben smatte.

“You going to Oktoberfest uh? Make sure to arrive tomorrow at 5am.”

Je fige. Wôtapeu. 5h du matin? Ben wéyons? Il doit niaiser.

“No no. People start waiting in line at 4am. First day is crazy. People run to the tents to get a seated place. You must go early and run.”

Je regarde mon copain, les yeux paniqués. Calvince, je ne suis pas du monde à 8h le matin, comment suis-je censée me gérer à 4h?

Je me retourne vers le chauffeur. Lui demande ce que les gens font tout ce temps-là en file.

Un silence dans le taxi.

“They drink, obviously. It’s Oktoberfest.”

******

Le cadran est strident lorsqu’il sonne à 5h30.

Mon copain s’est entendu avec ses amis pour aller sur le site vers 6h. J’ai plutôt décidé de dormir, question d’être d’agréable compagnie pendant la journée.

Je réussis néanmoins, à moitié endormie, à voir mon homme enfiler son habit bavarois traditionnel (allô, ça lui fait de belles fesses) et partir en vitesse.

Trois heures plus tard, je me fais réveiller par la sonnerie de mon téléphone. Mon copain qui m’envoie une vidéo de l’intérieur de la tente que les gars ont choisie.

Je capote.

Une tente, dans ma tête, c’est assez gros pour héberger deux-trois matelas gonflables mettons. Mais dans la vidéo, je ne vois pas une tente. Loin de là. Je vois plutôt un massif chapiteau décoré comme dans les films, avec des couleurs vives, des motifs bavarois folkloriques, du bois partout. C’est beau en maudit.

Et je vois surtout des gens. Des gens qui courent. Qui se garrochent sur les tables, en quête de sièges pour s’assoir. C’est du sérieux.

Crédit photo : Geneviève Higgins-Desbiens

******

10h. Je suis les foules costumées dans la ville, qui semblent toutes se diriger vers le même endroit. Après quelques minutes de marche, je le vois : l’immense site où se trouvent les chapiteaux… et les manèges.

J’ai de la misère à respirer tellement je suis heureuse. Des manèges à perte de vue. Des tentes colorées. Des jeux pour gagner des toutous. Des stands à saucisses. Des stands à bretzel. Ça sent les noix parfumées. Ça sent le chocolat.

C’est un carnaval qui se dévoile devant moi. Un Disneyland pour adultes. Tout le monde est costumé. Tout le monde mange un bretzel. Ça rit fort. Ça respire la joie de vivre.

Je vagabonde entre les chapiteaux, en profite pour admirer les décorations incroyables. Pour sentir le poulet et les schniztels en train de cuire. Pour essayer de comprendre l’Allemand (sans succès).

Je trouve finalement la tente où se trouvent mes amis et mon copain. Je les trouve dans la foule, m’installe à leurs côtés, admire les environs. Mange un bretzel (tsé).

Crédit photo : Geneviève Higgins-Desbiens

Peu avant midi, de grands sons se font entendre. Les gens commencent à monter sur les tables, à applaudir. À crier. Une fanfare arrive au beau milieu de la salle et s’installe sur la scène surélevée se trouvant au centre du chapiteau.

Puis, un homme parle au micro. En Allemand. Je ne comprends rien.

Mais soudainement, j’entends un décompte. J’entends les gens s’animer. Je sens l’excitation dans l’air.

Je comprends rapidement : le coup d’envoi du premier jour d’Oktoberfest est à midi. Aucune bière grosse comme nos faces ne seront servies avant cette heure. Le ‘ti monsieur sur le stage, il est en train de donner droit à ces milliers de personnes dans la tente d’entamer le début de leur fin.

Dans trois, deux, un.

Et comme par magie, les steins arrivent sur les tables. De la musique folklorique joue fort, fort dans la salle. Les gens montent sur les chaises, sur les tables. Ça chante. Ça rit. Ça célèbre la vie.

C’est beau, tout simplement.

Crédit photo : Geneviève Higgins-Desbiens

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