Hearst, mon petit village d’origine, est loin d’être ordinaire. Situé dans le fin fond du boisé nord-ontarien, on surnomme Hearst le « p’tit Québec », la capitale forestière, ou encore, la capitale de l’orignal. Une avalanche d’adjectifs peut qualifier mon patelin : francophone, innovateur, culturel et singulier!
Quand j’étais enfant, je croyais qu’Hearst était le centre de l’univers. J’étais persuadée qu’il n’y avait que Hearst qui existait dans mon coin de pays. Pour moi, c’était mon bout du monde. C’est lors de nos vacances estivales que je réalisais qu’il existait autre chose que Hearst. On quittait le ciel du nord pour rejoindre les gratte-ciel des villes du sud de la province. Durant mon périple, je croyais que nous partions sur une autre planète. Les paysages de Toronto ou d’Ottawa n’avaient rien à voir avec ceux de mon village nordique. Quand je dis qu’Hearst c’est loin, je n’exagère pas. Il faut y mettre un bon 10-11 heures de route avant d’arriver à Toronto ou Ottawa. Lorsque je fais part aux gens que je suis originaire du Nord de l’Ontario, on me demande souvent si je suis de Sudbury ou de North Bay. Je ne leur réponds ni l’un ni l’autre. Hearst est situé à 6 heures au nord de ces villes. North Bay ou Sudbury, c’est le grand Sud pour nous!
À travers mes lunettes, Hearst est tout à fait exotique en son genre! Quand on marche sur la route 11 (la fameuse Transcanadienne) ou sur la rue George (la rue principale), nous avons l’impression de nous retrouver dans le Far West du Nord de l’Ontario. Les bâtiments ont préservé leurs identités architecturales des années 60. Sur la 11, on peut apercevoir la haute grue jaune décorer le paysage forestier, symbole de l’industrie forestière qui constitue l’activité économique primaire de Hearst. C’est d’ailleurs ce qui a amené mes grands-parents, originaires du Québec, à venir s’établir dans le Grand Nord de l’Ontario. Comme les terres étaient abordables et que l’industrie forestière était en pleine effervescence, ils ont fait de Hearst un lieu où il était bon d’y vivre. Que ce soit les mets chinois du restaurant Kings ou des brochettes souvlaki de chez John’s Restaurant, il y a de quoi se régaler lors d’une virée gastronomique sur la rue George. Pour les amateurs de vodkas ou de whiskeys, vous serez servis à la Distillerie Rheault, une distillerie artisanale de la famille Rheault qui émoustillera sans aucun doute vos papilles gustatives.
Hearst est connu pour être la ville natale du célèbre hockeyeur Claude Giroux, mais aussi pour plusieurs autres raisons. Je ne peux écrire ce texte sans mentionner l’Université de Hearst, la seule université de langue française en Ontario (oui oui, vous avez bien lu) et le Conseil des Arts de Hearst, un centre de diffusion qui a comme mandat de promouvoir les arts dans la communauté. Hearst mérite d’être vu, connu et entendu. Je vous invite à découvrir Hearst et ses environs lors d’un séjour dans le Nord de l’Ontario. Vous ne pouvez pas vous perdre, il n’y a qu’un chemin qui mène à Hearst, celui de la 11 Nord.
Hearst abrite des lieux qui valent la peine à découvrir. Voici mes incontournables : la marina Veilleux, le Lac Johnson, la Maison Verte, les alpagas de Pure et Simple, les sentiers du Club de ski et de raquettes et bien évidemment se retrouver au cœur de la magnifique forêt boréale. Pour ceux et celles qui ont comme rêve de voir des ours sauvages, vous serez ravis de vous rendre au dépotoir pour y en apercevoir plusieurs ou de vous aventurer dans la forêt!
Bien que mes pieds se retrouvent maintenant à Québec, Hearst demeura toujours mon bercail, mon nid, mon petit chez nous. Quand on naît dans une petite ville avec un sentiment d’appartenance aussi fort, on ne peut renier ses origines qui sont bien gravées sur le cœur et dans la mémoire. Mon identité franco-ontarienne est dans mes veines, dans mon sang. Le ciel du Nord est le ciel de mon enfance. Ses belles couleurs pastel et contrastantes ne cessent de continuer à nourrir mon imaginaire.
Par Véronique Boisvert
Audrey Dumont
Crédits photo : Véronique Boisvert