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Le célibat, ça te dérange?

E : Et toi, est-ce que tu es en couple?

L : Non.

E : Est-ce que tu es à la recherche de quelqu’un?

L : Euh, pas vraiment…

E : C’est parce que tu fréquentes quelqu’un?

L : Non?

E : Tu viens de sortir d’une relation?

L : Ah non, pas du tout!

E : Ok, je ne comprends pas. Dans le fond, tu veux rester seule?

L : Non, j’ai envie de rencontrer quelqu’un, mais ça ne fait pas vraiment partie de mes priorités en ce moment.

Je ne suis ni une célibataire en colère, ni réellement endurcie, ni désespérée non plus (même si je devrais peut-être l’être aux yeux de certaines personnes). C’est juste que, en tant que « quand même assez nouvelle adulte », je commence à me sentir anormalement écrasée par la pression sociale d’être en couple et par le malaise que mon célibat (pas pire prolongé) provoque chez les gens autour de moi. Ça me gosse. Il me semble que s’il y a quelqu’un que mon célibat puisse déranger, c’est moi et personne d’autre.

Parfois, j’ai l’impression que, parce que dans le passé le célibat d’une femme était l’affaire de tout le monde et que très tôt on faisait pression sur elle pour qu’elle se marie et ait des enfants, on a la fâcheuse habitude de penser que c’est encore de « nos » affaires. En fait, bien que le modèle du couple ne soit plus aussi incontournable qu’il y a disons 60 ans, on dirait que la société ne parvient pas réellement à s’en détacher. Le couple semble être un modèle standard, comme si on était fait pour vivre nécessairement en paire. On tolère le célibat, mais on dirait qu’il doit absolument être transitoire. Quand la transition dure trop longtemps, ça devient un peu dérangeant.

On encourage les ambitions individuelles, mais, en même temps, on dirait qu’on est incomplet quand on est seul. On ne rentre pas exactement dans les cases de la société ni dans celles d’une vie « réussie ». Selon les standards de la société, on est à côté de la plaque. Ce sentiment m’est d’abord venu des gens qui m’entourent, pas tous il va sans dire, mais de plus en plus de gens se sont mis à me donner l’impression que mon célibat me rendait moins mature, moins expérimentée, qu’il justifiait de m’exclure de certaines conversations auxquelles j’étais inutile puisque je
« ne pouvais pas » comprendre.

Puis, je me suis rendu compte que la majorité des jeunes gens autour de moi était sur Tinder à partir de 16 ans et que je n’avais pas tellement le droit de me plaindre de mon célibat si je n’étais pas sur Tinder, parce que ça voulait dire que je ne mettais pas « toutes » les chances de mon côté. Tinder et moi, c’est un peu compliqué. Disons que, même si je respecte ça et mon opinion pourrait peut-être changer, je ne suis pas du tout à l’aise avec l’idée de magasiner des êtres humains et d’être affichée en vitrine pour qu’ils me magasinent de leur côté. De plus, honnêtement, je n’aime pas texter, je n’aime pas devoir deviner les intentions dans chaque mot et devoir interpréter les mots des autres sans les voir, je déteste être mal comprise parce que ma manière d’écrire est interprétée de telle ou telle manière. Au risque d’avoir l’air « control freak », j’ai l’impression de n’avoir aucun contrôle sur la situation et ça me rend anormalement angoissée. Alors, franchement, je ne m’imagine pas commencer à rencontrer des gens de cette manière-là. Honte à moi, j’ai déjà pris deux mois avant de répondre à un texto, c’est mon record, alors ce serait mieux qu’on n’essaie pas de m’imaginer sur Tinder.

Enfin, je veux dire qu’il n’y a pas si longtemps les sites de rencontre étaient destinés aux gens qui commençaient à trouver ça difficile de rencontrer quelqu’un. Maintenant, c’est juste la norme, même pour des adolescents. Ça me rend inconfortable, on dirait qu’on devrait continuellement être en train de chercher quelqu’un, comme s’il fallait absolument que le célibat ne soit qu’une courte transition. J’ai l’impression peut-être stupide que l’engouement actuel autour des sites de rencontre a changé la donne dans nos relations. On dirait que ça rend l’idée d’aborder quelqu’un en chair et en os un peu plus effrayante, d’un coup qu’il/elle parle déjà à cinq autres personnes dans son écran? Bon, je ne veux pas faire ma drama queen et il est possible que je sois un peu naïve. C’est juste que j’ai encore espoir de rencontrer quelqu’un « en vrai » et, même si j’aimerais quitter mon célibat éventuellement, je n’ai pas envie de forcer les choses, je n’ai pas envie de me plier aux pressions que la société fait sur moi.

E : Et puis, est-ce que tu as rencontré quelqu’un?

L : Pas plus qu’il y a cinq minutes…

E : C’est triste.

L : Tu trouves?

Crédit photo de couverture : Claude Baillargeon

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