La était conviée dans un des plus beaux, des plus merveilleux, des plus importants endroits de la ville de Québec : Le Clap. Entouré de famous players qui nous gavent de blockbusters, ce petit insoumis de Clap, qui fête cette année ses 30 ans, mise plutôt sur des œuvres de provenance diverse, faisant la part belle aux films indépendants. Au sous-sol revampé de la pyramide, chaque jour, c’est une histoire d’ouverture et de découvertes.
En fait, Le Clap – je vous ramène ici à vos cours 101 de philosophie au Cégep –, c’est clairement l’allégorie de la caverne version ville de Québec au 21e siècle. Parce qu’en s’enfonçant dans les salles obscures, en contemplant le jeu des marionnettes sur les écrans, on se prépare à sortir transformé, illuminé au contact d’œuvres différentes, parfois troublantes, toujours intelligentes. La seule différence, c’est qu’avec Le Clap, on a le goût de rester dans la grotte magique pour toujours, car on sait que la fiction qui s’y joue est un gage de vérité.
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Une histoire de 30 ans pour une précieuse entreprise culturelle qui garde en vie le vrai cinéma, celui qui se renouvelle, qui décape, qui déroute, et ce, qu’il vienne d’ici, d’Hollywood ou d’ailleurs. Et dans ces 30 ans, combien de milliers de petites histoires individuelles qui font la rencontre d’un monde nouveau, qui font l’expérience initiatique de la magnifique caverne qu’est l’inestimable Clap?
La La Land
Comment ne pas célébrer Le Clap avec… du cinéma? Pour l’occasion, on s’est fait sortir le grand jeu. Après un petit déjeuner pour se mettre en appétit, place au spectacle! La La Land, c’est l’histoire d’amour d’une jeune actrice avide de succès et d’un talentueux pianiste rêvant de faire revivre le jazz, le tout enclavé dans une comédie musicale. Mais c’est surtout – c’est là que le choix du film prenait tout son sens – une célébration éclatante du monde du spectacle. C’est une ode toute en couleurs, en vrilles, en mélodies, en couchers de soleil empourprés, en amour, à ce qui nous permet de sortir de notre quotidien fade et au dictat d’une raison pratique. C’est finalement l’histoire d’une chanson, qui sera reprise maintes fois dans le film, et qui s’adapte aux différentes étapes d’un trajet amoureux pour en devenir, finalement, l’hymne consacré.
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Ryan Gosling et Emma Stone sont tellement bons qu’on en reste hébété. Ils sont beaux, ils dansent – ce qu’ils dansent mes amis -, ils chantent, ils sont drôles, ils sont émouvants. Les décors trop romantiques, les scènes amoureuses trop clichées, la musique trop merveilleuse; on accepte tout, mieux, on s’en réjouit, tellement on embarque, tellement on se laisse prendre au charme! Mais attention, ce n’est pas qu’excès, fêtes et feux d’artifice sous un ciel évanescent. Il y a aussi place à la nuance, à une histoire dramatique. Bref, il y a de tout dans ce film.
On voudrait que ça ne cesse jamais. On voudrait vivre éternellement dans La La Land. On voudrait aller voir tous les films du Clap pour se consoler qu’il y ait une fin au film. On se résigne, en disant que la prochaine fois ne devrait pas tarder, en espérant que Le Clap dure 300 ans.
Par David Morissette-Beaulieu