Sous ce plafond de verre, le tourbillon d’une transe dans un silence de faïence, j’erre, j’erre et j’y pense comme si c’était hier qu’était venu se déposer dans mon cœur un hiver, froid et amer, et qu’il ne reprendrait son chemin, qu’une fois dépouillé de ses espoirs vains. J’erre en silence sous ce plafond qui gronde, du bruit des bottes qui résonne à la ronde, et les larmes dont mes yeux s’inondent coulent dans la valse des secondes. J’erre, et bientôt poindra un autre hiver, le repos de la terre et la gelée des rivières.
Libéré par les ombres, l’absence de lumière, l’hiver s’annonce sombre, l’été pris à revers. Il bâtit ses murs de verre qui emprisonnent tout derrière, une geôle délétère; épargne au moins la mer. La seule issue possible, ton amour perceptible, et j’en compterai cent mille de ces matins qui filent, pourvu qu’un seul s’éveille, près de la femme que j’aime. Au revoir à la nuit, les cieux illuminés, ce que la beauté a omis, tu lui as inspiré.
Emmuré dans cette cage qui se nourrit de ma rage, j’aperçois la lumière d’un mirage, le reflet de ton visage, et les murs de blancheur givrés, de porcelaine des vases brisés, à l’aube de nos cœurs retrouvés, et l’espoir de les voir céder. Pressé de retrouver cette lueur inespérée, du bout des doigts effleurée, dans un élan précipité, le sursis du condamné.
Sur ta peau, je devine l’aurore, le parfum des blés d’or, enfin la nuit qui s’endort. De ce verre, il n’en restera bientôt plus que des éclats, des éclats d’hiver disparus dans un muet fracas. L’aurore viendra, bercée par tes bras, l’aurore viendra, l’aurore sera.
J’attendrai le dégel, le souffle chaud du soleil, que ce plafond se fissure et qu’enfin éclatent ces murs. Jointes sur mon cœur, je l’entends, il est l’heure, l’heure d’empoigner tes mains qui ont fait naître demain.
Par Simon Guérard
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