Hey, Tom…
Ça fait étrange d’écrire à nouveau ton nom. Tom. Parce que depuis quelque temps dans mes textos, dans les conversations avec ma collègue de bureau, le midi, c’est plus de toi qu’on parle, mais de Lui.
Tu sais, celui avec qui tu m’as vu l’autre jour.
J’voulais te le dire : y’a plus ton nom partout.
Je n’avais pas eu ce feel-là-d’attirance-pis-toute, depuis toi. Et ça semble réciproque – demande-moi pas pourquoi, c’est de même. Je l’aime bien sans pouvoir te dire pourquoi.
Je ne sais rien de lui. Vraiment. Ça se résume à quelques sourires en coin, des haussements d’épaules, des excuses pour me retrouver dans un coin, des courriels pour une marche.
Il me garde loin de lui, et revient toujours vers moi, me laissant l’impression…
D’apprendre à l’aimer… et de perdre mon temps.
De le connaître… sans jamais le trouver.
De l’attendre… sans jamais se rencontrer.
Il a la manie de retourner toutes nos conversations vers moi. Suffit que je lui pose une question sur lui, sur sa famille, sa soirée de la veille, que je lui demande de m’expliquer pourquoi il agit de telle ou telle façon, pour en revenir irrémédiablement à parler de moi, de ma famille, de ma soirée de la veille, de lui expliquer pourquoi j’agis de telle ou telle façon.
Je le quitte, toujours à regret, en ayant trop parlé de moi, sans m’en rendre compte, en ne sachant rien de lui.
Combien de fois ai-je joué cartes sur table? Je mets toutes mes cartes et mes folies devant lui pour qu’il sache à quoi s’en tenir – terriblement entière – et qu’il s’accroche à une de mes failles, pour dévoiler une des siennes.
C’est dur de jouer la strip-teaseuse, toute seule. Dur de s’attacher quand il ne laisse rien dépasser, aucun fil de souvenir, aucun brin d’émotion, aucune mèche sur laquelle je peux m’arrêter et m’émouvoir.
Mes questions sont sans réponses, ma vie sans attaches.
J’voudrais quelque chose de vrai, de concret, de réciproque.
J’voudrais cesser d’avoir l’impression qu’il se joue de moi. J’aimerais en avoir un peu, en retour.
J’voudrais pas qu’il m’explose dans face avec ses secrets, un soir, dans pas longtemps, quand je le trouverais charmant malgré tout.
J’voudrais pas me retrouver avec un autre-gars-en-défi dans ma vie.
Tu comprends, Tom. Y’a pas grand-chose de ce que je voudrais. Mais y revient vers moi, je reviens vers lui.
J’prends mon temps, j’apprends à le connaître. À l’attendre, surtout. À apprivoiser son mystère, ses non-dits, les sous-entendus qu’il me glisse. Il m’apprend à ne pas rechercher de sens cachés, à laisser venir les choses.
Je tente de comprendre son corps qui parle à sa place trop souvent. Il m’apprend, lentement, à lâcher prise.
Ses secrets le rendent sobre.
On ne magasine pas l’amour comme un gilet dans le catalogue Sears. Y’a pas un descriptif à côté de chaque gars, de chaque crush.
Non, je sais bien Tom.
Reste que mon désir ne grandit pas avec son mystère. C’est bien là, le problème.
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