Quand j’étais encore une enfant, le premier signe que Noël approchait, c’était l’arrivé du catalogue Sears dans la maison. On passait quelques jours à le regarder pour trouver les cadeaux qu’on souhaitait pis on le refermait les doigts croisés.
Une fois qu’on avait choisis nos cadeaux, on savait que papa allait nous apporter sur sa motoneige pis qu’on allait pouvoir aller choisir le sapin de Noël qu’on allait mettre devant la maison. En rentrant la même journée, maman allait avoir préparé les boîtes de décorations pis on allait commencer à décorer l’arbre pis la maison.
Ça durait tout le mois de décembre, au travers des odeurs de tourtières, des runs de trois skis pis des mokas.
Quand on ouvrait la petite fenêtre 24 du calendrier de l’Avent, on savait que c’était le grand soir. Après la messe de minuit, le bas de l’arbre se remplirait de cadeaux, signe du passage du Père Noël. Les matantes mettaient les manteaux sur le lit pis les mononcles allaient porter les bottes dans le bain. Les tables devenaient aussi longues que des allées de quilles. Il y avait tellement de nourriture que chaque invité pouvait repartir avec des restes pis vivre encore deux mois sans rien cuisiner.
Aujourd’hui, à l’âge adulte, le premier signe que Noël approche, c’est la modification de mon budget pis la prévision du temps que je vais avoir pour aller tout acheter au travers de mon horaire de femme moderne. Au moins, je n’ai pas besoin d’aller chercher un sapin en motoneige, parce qu’il n’y a presque plus de neige et que je ne saurais pas quoi en faire de toute façon : je suis en déménagement. Je travaille durant le mois de décembre, donc j’ai un peu moins le temps de décorer avec mes parents. Le dimanche, lors de ma visite hebdomadaire, on fait quand même des pâtisseries pis ma mère se moque de moi, parce que je me mets du crémage partout dans la face, comme quand j’avais 5 ans.
Le 24 décembre, je ne vais plus à la messe de minuit. Je sais que le Père Noël ne passera pas et je préfère rester à la maison à attendre que les invités arrivent en buvant du vin, parce que j’ai travaillé dans la journée pis que je veux avoir le temps d’emballer mes derniers cadeaux. Les matantes pis les mononcles qui viennent laissent leurs bottes dans l’entrée et leurs manteaux dans la garde-robe. On passe les deux, trois jours suivants à se promener pour donner les cadeaux restant et prendre des nouvelles des gens qu’on ne voit pas assez souvent.
Tout ça trop vite, parce que tout le monde a quelque chose à faire. Le temps des fêtes, c’est court, alors on court.
Cette comparaison, c’est pour montrer qu’en vieillissant, on a l’impression que c’est l’ambiance de Noël qui change… Pourtant, c’est les mêmes chansons originales depuis 1985. La même date depuis 2016 ans. Les mêmes décorations rouges pis vertes. Les mêmes personnes qu’on aime, moins quelques-unes dont on se souvient, pis d’autres nouvelles petites merveilles qui ont croisés notre route quelque part dans le temps.
C’est tout simplement nous qui passons au travers du temps.
En tant qu’adulte aujourd’hui, c’est à toi de faire en sorte que ton Noël soit magique pour tous ceux qui auront la chance de le célébrer à tes côtés, même si tu n’as pas une barbe blanche pis un habit rouge.
Noël, pour moi, ça a toujours été l’occasion de se rassembler pis de faire plaisir aux gens qu’on aime ; que ce soit en leur offrant un cadeau ou juste en leur faisant cadeau de ta présence, parce qu’après tout, la vraie valeur d’un cadeau, c’est le souvenir qui vient avec.
Je te souhaite un Noël joyeux, Crépu