Je n’ai jamais porté d’attention particulière à la discrimination entre les hommes et les femmes. Pour moi, les individus ont une seule étiquette : celle d’être humain.
Je n’ai jamais été directement confrontée à une situation d’inégalité entre les sexes.
Jusqu’à ce que je réalise une chose : la colère des femmes est très mal perçue, alors que celle des hommes est généralement acceptée. Évidemment, je pense que dans les deux cas, quand il s’agit de péter des coches sans arrêt ou d’utiliser la violence, il y a raison de s’insurger, mais là où la distinction entre les genres me semble incohérente réside dans les petites colères du quotidien.
Un homme qui s’exprime avec hargne semble crédible, alors qu’une femme fâchée est très souvent vue comme une personne émotive.
Il semble fiable, elle semble faible.
Une femme qui se fâche…
« Voyons, qu’est-ce t’as? T’es-tu dans ta semaine? »
Dès qu’une femme hausse le ton, ce sont vers ses menstruations ou ses périodes d’ovulations que se tournent les accusations. D’écolière à mère, il faudrait qu’elle taise ses réactions pour sauver les apparences et faire ce qu’on attend d’elle : être fière et bien paraître.
« Voyons, elle est vraiment instable, la madame! »
Dès qu’une femme démontre son désaccord, on la traite de folle, froissé qu’elle refuse de se fondre dans le silence. Exigeant d’elle qu’une raison fondamentalement grave explique ce qu’on considère être un écart de conduite.
HEY! STOP! ÇA FERA! (oui, j’exprime ma colère.)
« Sois belle et tais-toi » qu’on te dira?
Ce qu’on devrait répondre à ça : sois en maudit si t’en as envie!
C’est ridicule qu’en 2017, on se sente encore obligées de retenir nos frustrations. Qu’on s’entête à enterrer nos émotions pour préserver l’enthousiasme de la population.
On a le droit d’être en colère. C’est correct de dire ce qu’on pense. C’est correct d’imposer nos limites. C’est correct de se faire entendre.
Ce n’est pas vrai que tu es une féministe frustrée parce que tu prends position. Que tu es une mal baisée, une colérique, une manipulatrice, une impulsive et une maudite hystérique!
Par Sabrina Asselin
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