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Être à bout, comme dans avoir les bras lourds, les larmes aux yeux, la peine au ventre.

Avoir le goût de rien, être triste tout le temps.

Quand on sait pu comment respirer, je pense que c’est le bon moment pour prendre deux secondes et se rappeler qu’on est pas tout.e seul.e sur notre radeau au milieu de rien, quelque part entre Pluton qui se fait enlever sa couronne pis le reste de l’univers.

On est une gang avec le froid qui nous pogne dans le dos, qui nous vire le cœur a l’envers.

Alors prends-le donc, le deux minutes pour te rappeler qu’on est là nous aussi, à chercher désespérément le Nord pis la boussole pis tout’ le kit de survie. On est là nous aussi à pu savoir comment faire un feu même si on a passé six ans dans les scouts (avec l’uniforme pis les prières déguisées en chansons de ralliement).

On est là.

Pas ensemble mais un peu ensemble pareil. À relever nos manches, à renifler notre tristesse, en chœur.

Prends-le, le deux minutes pour t’arrêter, pour dessiner, pour écrire des poèmes emo dans un cahier secret, pour déguster un verre de vin trop cher mais qui réchauffe un peu en dedans, pour brûler les poèmes emo que t’as écris dans le cahier secret, pour brailler en regardant le coucher du soleil dans le silence pas silencieux de ton balcon de ville, pour fumer un brin de joint le corps calé dans le bain même si t’aime même pas tant ça fumer pis même si ça t’écœure un peu les bains.

Donne-toi de la douceur, mon amie, serre-toi fort.

Et brise-les, les choses que t’as envie de briser. Lance-les au bout de tes bras, ces morceaux de quotidien qui te font sentir comme de la marde.

J’ai brisé une tasse pas chère ni significative hier sur de l’asphalte, ça voulait rien dire et j’ai ramassé après mais maudit que ça m’a fait du bien d’être brisée du dehors plus que du dedans.

Berce-toi, soigne-toi.

C’est plate pour ça, être un.e adulte, pu avoir une maman pleine de magie à portée de main pour rassurer les égratignures. Faut se gérer tout.e seul.e astheure, une maudite belle gang d’égratignés sans plaster.

Mais y’est pas trop tard pour apprendre à se panser. Pis des fois, se guérir, ça veut aussi dire de se couler de l’alcool à friction sur le bobo et d’avoir mal à crier pour pouvoir mieux cicatriser après (tu comprendras que je parle pas nécessairement d’un bobo sur le genou après une partie de police-voleur, les bobos, même ceux qui saignent, sont pas toujours sur la peau).

C’est toff, maudit que c’est toff, je le sais, mon amie, mais lâche pas.

On est avec toi, sur nos radeaux au milieu de nulle part, à se serrer dans nos bras pis à rêver à demain, on est là nous aussi.

T’es pas toute seule, et je te jure que ça va finir par aller.

Source photo de couverture

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