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Mon repère tranquille

La troisième marche en bois de la descente de cave craque, je le sais. Elle l’a toujours fait, et elle va continuer à le faire sous chaque pied qui se pose sur elle.

Le vieux pin dans ma cour arrière, celui à côté du cabanon, se recouvre de neige et se balance à chaque souffle de vent. Petite, j’aimais croire qu’il veillait sur la maison, dans toute sa grandeur, ses épines comme des armes, son écorce robuste comme une armure sans pareil contre tous les mauvais hasards. Couchée dans mon lit, je n’arrive pas à le voir, mais je le sais.

Je sais aussi que le soleil va inévitablement inonder mon salon de sa chaleur tous les après-midis qu’il est accroché bien haut dans le ciel. Impossible de se sauver de ses rayons. En canicule, on l’apprécie moins, mais l’hiver, je me laisse bien réchauffer la peau et le cœur avec gratitude.

À chaque retour aux sources entre les murs qui m’ont vu grandir, je redécouvre ma maison. Je sais tout d’elle : je sais quelles portes grincent, je sais où se trouve un dessin d’enfance dans une garde-robe, je sais le parfum qu’elle porte.

Je sais tout cela comme je sais que mardi vient après lundi et que du bleu mélangé à du rouge donne du mauve. Mon chez-moi m’apporte une certitude que je trouve difficilement ailleurs. À travers le flot d’amitiés qui viennent et qui partent, les semaines de travail ou d’école qui passent en un instant ou les nouvelles tendances qui se succèdent sans cesse, je sais que certaines choses, elles, ne changent pas à travers les saisons. C’est pourquoi je trouve ma maison si réconfortante : j’en connais chaque détail par cœur, et peu importe le nombre de temps passé loin de mon repère tranquille, j’y suis bien enracinée.

Il y a aussi quelque chose de rassurant à savoir qu’à quelque part, alors que tout se transforme sans arrêt, il y a cet endroit qui ne bouge pas dans le temps ni dans l’espace. Tout semble y rester pareil, y compris les sentiments qui nous habitent quand on s’y retrouve. Je sais que moi, je change : que ce soit ma nouvelle coupe de cheveux, des idées toutes fraîches, un look vestimentaire différent ou ma personnalité en constante évolution. Mais la maison, elle, reste la même.

Que ce soit pour quelques jours ou plusieurs semaines, chaque séjour dans mon petit nid est comme une cure pour l’esprit et le corps. Chaque fois que j’y suis, j’essaie d’emmagasiner tout ce que je peux de ce sentiment de bien-être en prévision des jours gris et des moments où j’ai l’impression de perdre l’équilibre. Mon cocon douillet, c’est la stabilité à laquelle j’ai parfois besoin de me rattacher lorsque mes pensées partent dans tous les sens.

Pour le moment, mon repère tranquille à moi, c’est la maison de mon enfance, nichée au cœur de mon village natal, entre fleuve et montagnes. Et même si la place que je lui accorde dans mon cœur est irremplaçable, je sais qu’un jour j’aurai moi aussi la chance de construire mon propre havre de paix. En attendant, je vais continuer à profiter du crépitement du poêle à bois, de la vue et de mes souvenirs de petite fille tant et aussi longtemps que je le pourrai.

Lecteur/lectrice, tu as probablement aussi cet endroit qui te fait du bien. Que ton repère tranquille soit une maison, un chalet, un café sympathique, un parc en nature ou même une personne, j’espère que tu profites de la paix qu’il t’amène, sans modération.

Crédit photo : alex.svd

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