J’te l’ai déjà dit : l’orgueil mène le monde – ou, du moins, mène le mien.
La vérité, c’est que ça ne va pas toujours top, que, parfois, je ne gère pas, que, même si je me connais très bien, je ne me comprends pas toujours. Me l’avouer à moi-même, c’est une chose déjà assez ardue ; l’avouer à mon entourage relève d’un défi olympique ; mais, te l’avouer à toi, c’est presque quelque chose d’incroyable. Pourtant, j’ai le meilleur entourage qui soit. Ma famille, mes amis, mes collègues sont aimants, ouverts, compréhensifs, actifs. Personne ne me laissera là sans essayer de m’aider au moins un minimum.
La vérité, c’est que, parfois, on ne peut rien de plus pour ceux qu’on aime que les aimer. Leurs problèmes, que ce soit de l’angoisse, de la tristesse ou d’autres maux, nous dépasse. C’est là qu’il y a quelques temps, j’ai commencé à me permettre de dire à mes amis : tu devrais peut-être consulter un psychologue, un sexologue, un travailleur social, ou un médecin. Au début, je crois qu’ils étaient un peu insultés et puis là, finalement, ils ont commencés à consulter. Ils ne l’ont jamais regretté. Avoir quelqu’un à qui parler, à qui se confier, avec qui réfléchir, avec qui grandir, auprès de qui aller chercher des conseils, semblerait-il que c’est rassurant.
C’est là tout l’intérêt de ce texte.
Quand on me dit d’aller consulter, je ne bouge pas. Je me referme un peu, mais je ne prends pas l’initiative d’aller vers un thérapeute. J’ai déjà consulté, mais jamais je n’arrive à tenir jusqu’au bout : je cancel mes rendez-vous, j’arrête de me présenter, je dis que je vais bien, que le problème est disparu. Je me fais à croire que moi, soldat seul dans mon armée, je peux me comprendre et me régulariser ; que ma tête peut se comprendre elle-même, que je n’ai pas besoin de qui que ce soit pour m’accompagner, pour me conseiller ; que, de toute manière, un spécialiste ne connaîtrait de moi que ce que je choisirais de lui dire, c’est-à-dire pas grand chose.
Parfois, on semble croire que consulter, c’est pour les cas lourds ; que c’est pour les personnes qui ne voient plus de way back dans une vie normale, dans une vie qu’ils aiment. Parfois, on oublie qu’on est humain, qu’on est une créature complexe, une créature émotionnelle, une créature faite de sens.
J’te le dis comme une amie, comme ce que je dirais aux gens que j’aime : consulter, c’est pour tout le monde. Tu peux même consulter quand ton humeur est excellente. On vit dans un monde stressant, merveilleux et horrible à la fois. L’infini est à nos portes et on nous coupe l’herbe sous le pied. Comment se démêler dans tout ça?
Aller chercher de l’aide, c’est la chose la plus humble et la plus terre à terre qu’un humain puisse faire, parce que, quand nos émotions s’emportent, celles de nos proches le font un peu aussi. C’est impossible de donner toujours des conseils sages et impartiaux.
Alors, à toi qui veux, mais qui ne veux pas consulter, prends ton téléphone et book-toi un rendez-vous. Tu vas être accompagné et, s’il-te-plaît, ne dis jamais : « Je vais chez les fous. »
Tu ne vas pas chez les fous, parce que, de un, les fous n’existent pas et, de deux, tu te rends service. Tu te prouves que tu t’aimes assez pour reconnaître que tu as besoin d’être guidé. N’hésite pas à aller chercher de l’aide. Les temps sont durs pour tout le monde.
Tu peux consulter à ton CLSC, au service psychosocial de ton école ou dans toute autre clinique privée de ta région.
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