Être indépendante. Pour moi il s’agit d’être bien avec moi-même, d’avoir besoin de temps en solitaire, de ne pas avoir besoin des autres pour avancer. Être autosuffisante au sens émotionnel.
Quand à cela s’ajoute un autre indépendant et qu’une relation amoureuse naît de tout ça, on pourrait croire que les choses ne pourraient être plus simples : deux personnes qui s’aiment sans être dépendantes l’une de l’autre. Deux personnes qui s’aiment autant qu’elles aiment l’autre. Deux personnes et deux bulles qui se rapprochent sans jamais se fusionner.
Et pourtant, j’ai beau être plus à l’aise dans cette relation que dans n’importe qu’elle autre de mon passé, j’ai beau être reconnaissante de l’avoir trouvée et chérir ce que nous avons, cette relation m’angoisse. Pas à cause de moi. Pas à cause de lui. À cause des autres. Les autres qui achètent un condo après six mois de relation, qui ont des bébés, qui remplissent leur page Facebook de déclarations d’amour et de photos stagées. Ces mêmes personnes qui me demandent constamment « comment ça va avec ton chum? », avec les yeux en étoiles, mais qui n’ouvrent jamais la bouche pour laisser échapper des questions comme « comment se passe ta carrière? » ou « penses-tu partir en voyage bientôt? ». C’est comme si, depuis que je ne suis plus seule, je n’ai plus le droit d’avoir de projets individuels ou de me concentrer sur moi. Et à force de voir leurs yeux ronds comme des billes et leurs expressions de filles malaisées quand je réponds que je pars en voyage toute seule ou qu’on a pas encore décidé combien d’enfants on allait avoir ni si on allait en avoir PARCE QU’ON NE RESSENT PAS LE BESOIN D’AVOIR CE GENRE DE CONVERSATION EN CE MOMENT, j’en viens à tout remettre en question. Et si c’était parce que notre relation n’est pas assez solide? Et si on n’était pas normaux? Je sais que c’est faux, mais je trouve quand même difficile de résister à cette vague.
On admire la célibataire indépendante, on tente de conformer l’amoureuse indépendante.