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La peur de rougir : mon combat avec l’anxiété sociale

Ceux qui me connaissent le savent, je rougis pas mal toujours. En fait, même ceux qui ne me connaissent pas le savent assez rapidement. Rougir fait partie de moi. Que je sois stressée, heureuse, triste, gênée, fâchée, peu importe, ça se voit automatiquement dans mon visage. Il y en a d’autres comme moi, qui vivent cet éternel struggle qu’est rougir. Pour ceux qui ne le vivent pas, c’est peut-être difficile de comprendre à quel point ça peut être complexant. Le problème avec rougir, c’est que l’on se sent incroyablement vulnérable. On ne peut pas cacher nos émotions. Tu trouves un gars cute? Il le sait assez vite qu’il est de ton goût, croyez-moi. Mentir? Impossible, oubliez ça. Tout se voit dans notre visage. C’est le désavantage d’être rouquine avec la peau très transparente disons.

La première fois que j’ai su que je devenais rouge, c’était en 3e année, dans la classe de madame Sylvie. Elle m’a demandée de lire un poème que j’avais écrit devant la classe. Je suis devenue écarlate, bien sûr. Et là, au beau milieu de mon poème, une de mes compagnes de classe s’est écriée : « ahhh mais elle est toute ROUGE! », tout ça en me pointant. La honte. La classe au complet s’est mise à rire, et moi, j’avais envie de pleurer. Depuis ce temps, je suis extrêmement consciente de ma rougeur. Mes années au secondaire ont été assez difficiles. J’évitais le regard des professeurs pour ne pas avoir à parler en classe. Je me coiffais en conséquence pour cacher mon visage le plus possible (la fameuse frange de côté des années 2000, ça vous dit quelque chose?). J’évitais plusieurs situations sociales par peur de rougir. Bref, la couleur de mon visage dictait ma vie.

Au fil des ans, plus j’étais consciente de ma rougeur, plus j’en avais peur. J’espérais qu’avec l’âge, ça disparaisse, mais ça a eu l’effet contraire. J’ai donc développé une anxiété sociale assez sévère. C’était rendu au point où passer à la caisse à l’épicerie me stressait, car j’avais l’impression que les gens dans la file me regarderaient et me jugeraient. Ma phobie de rougir m’empêchait de faire des activités au quotidien. C’est à ce moment que je me suis dit que c’en était assez. Je devais faire quelque chose pour vaincre ma peur.

J’ai décidé de consulter une psychologue. C’était une des meilleures décisions que j’aurais pu prendre. À travers nos nombreuses rencontres, j’ai réalisé que rougir fait partie de moi et que je dois l’accepter tout comme n’importe quelle partie du corps ou facette de ma personnalité. Je n’aimerai jamais le fait que je rougisse et je ne pourrai jamais changer ça de moi, non, mais je peux apprendre à l’accepter et à vivre avec cette réalité. Cette réalisation fut un gros step dans ma lutte avec l’anxiété sociale : m’accepter telle que je suis.

Bien que je commence à accepter cette partie de moi, chaque jour présente ses difficultés et ses épreuves. Mais, avec le temps, je sais que je viendrai à m’aimer en entier. Rougeur et tout.

Pis au pire, même si je rougis, ce n’est pas la fin du monde. Ça fait mon charme, t’sais!

Photo de couverture : source

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