« Tu vas rencontrer quelqu’un, un amour différent. »
J’ai écouté ses paroles pis je l’ai bouffé, sans trop l’croire. Faut toujours en prendre pis en laisser avec les biscuits chinois pas mangeables.
L’autre personne avant et moi avons été un couple longtemps, c’pour ça.
Nos souliers étaient usés à la corde. C’était juste confortable. On a marché un boute à deux! On en a vu, du plancher! On a marché sur des œufs, marché sur du temps emprunté, marché jusqu’à ce que plus rien ne marche.
Même le cordonnier a lancé la serviette et a dit :
« Fu** off. Moi, je répare pas ça. Va chez Foot Locker. »
J’ai continué ma route, seule, et… BOUM! Professeur Biscuit a eu raison.
Comme ça, en passant devant une vitrine. Gros coup d’cœur. Une belle bottine qui sent l’neuf.
J’ai donc eu envie de l’essayer, quitte à réapprendre à marcher! Un pas à la fois, qu’ils disent.
J’pense que j’viens d’tomber sur cet amour différent. Mon cœur me parle pis faudrait être sourde pour ne pas l’entendre.
Ma p’tite chaussure de verre, délicate (un peu moins, après minuit, quand elle est VRAIMENT fatiguée).
Une fille avec qui j’ai envie d’me balader, sans courir, pour mieux en profiter et embrasser le dessus d’sa main.
J’adore quand elle m’ouvre doucement la porte de ses passages secrets. L’accès est pas facile.
Je l’écouterais m’parler sans arrêt.
Elle est juste merveilleuse.
L’entendre rire. Son arme à elle pour me faire exploser l’cœur.
Une chance qu’on dort les yeux fermés parce que la nuit brillerait tout l’temps! Pas besoin de veilleuse.
J’me redécouvre, tranquillement.
On a pelleté les p’tites mottes de terre que j’avais sur le cœur et on a retrouvé d’la vie. Du feu pour nous réchauffer.
T’es mon amour différent.
J’aimerais ça qu’on marche pieds nus, toi pis moi. J’veux pas les user, nos souliers.
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