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épuisement

Tout a commencé subtilement, sans vraiment crier gare.

Comme chaque matin, je venais de prendre les deux autobus qui m’amènent au bureau.

Comme chaque matin, pendant les 30 minutes du trajet, je sirotais mon latte au lait d’avoine, en enfilant les rythmes quétaines de ma playlist Spotify « Allô le throwback ».

Mais ce matin-là, je ne savais pas pourquoi, Shook de Shawn Desman n’avait pas le même effet sur moi.

Je suis entrée au boulot. Mon humeur était massacrante, sans raison évidente.

J’étais épuisée. Vidée. Fatiguée. J’avais mal à la tête. Je ne voulais parler à personne. J’avais la seule envie de varger dans un mur.

Je me suis enfermée dans une salle de conférence, à l’abri de mes collègues, ne voulant pas gâcher leur journée avec mon humeur de marde.

J’ai fait ma journée. Je suis revenue chez moi. J’avais de la misère à dormir.

Les jours ont défilé. Les semaines ont passé. Chaque jour, mon humeur devenait de plus en plus désagréable. De plus en plus, je devenais l’antithèse de celle que j’ai toujours été : au lieu d’être la fille joyeuse, positive, toujours de bonne humeur, en train de faire des blagues (souvent déplacées), j’étais grognonne, solitaire, de mauvaise humeur.

Peu à peu, je ne me reconnaissais plus.

Et un jour, ça a explosé.

La migraine était rendue récurrente. Ce matin-là, elle avait encore frappé. Depuis trois semaines, je gardais mon paquet de Tylenol dans mon sac à main, tellement elles étaient fréquentes. Ce matin-là, j’en avais enfilé quelques-unes, question de passer à travers la journée.

Je suis entrée en rencontre. Une grosse rencontre. Tsé, celle où il y a les directeurs et le président dans la salle.

Les minutes ont filé. Je sentais mon corps se crisper. Ma respiration devenir haletante. Mon dos se courber. Mes muscles se tendre.

Et sans crier gare, mes yeux ont commencé à s’humidifier, là, entourés de cerveaux importants.

Je me suis levée. Je suis partie à la salle de bain.

J’avais perdu le contrôle de mes émotions.

J’étais en position fœtale, en complète crise. L’hyperventilation, les pleurs incontrôlables. J’étais en crise d’anxiété.

Cela m’a pris du temps avant d’assumer ce qui était arrivé. Mais surtout, ce que cela impliquait. Après tout, je suis une workaholic assumée. Je suis de cette horde de personnes qui aiment empiler les projets un par-dessus l’autre. Celle qui dit oui à tout. Celle qui veut garder son cerveau constamment actif. La carriériste. La passionnée.

Jamais je n’aurais pensé entendre les mots « épuisement professionnel » sortir de la bouche du médecin assis en face de moi. Jamais.

Cela m’a pris du temps avant d’assumer ce qui était arrivé. Mais surtout, cela m’a pris du temps avant de prendre action. Cela m’a pris un moment avant de finalement accepter voir un médecin. C’est que, dans ma tête, c’était un signe de lâcheté. D’abandonner. D’être faible. D’être incapable.

Mais quand, ce matin-là, le médecin me signait un papier d’arrêt de travail en me disant qu’il me fallait doser mon énergie, j’ai compris.

Je ne suis pas lâche. Je n’abandonne pas. Je me donne plutôt la chance à ma tête et à mon corps de se réaligner, pour pouvoir ensuite offrir le meilleur de moi-même dans les projets que je choisirai d’entreprendre.

Crédit photo : Abbie Bernet (Unsplash)

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