On vit dans une société qui valorise beaucoup le mode de vie nomade. On tapisse et on recherche activement les paysages de sable et d’eau turquoise sur nos fils d’actualité. On joue à celui qui voyage le plus fort et le plus loin. On envie ceux qui ont la chance d’explorer les autres pays afin d’échapper à l’ennui quotidien.
C’est donc avec cette mentalité en tête que je me suis booké un premier voyage solo de deux mois en Amérique Centrale ; pour vivre le rêve.
C’était un défi personnel qui me valorisait beaucoup. Réussir à traverser deux mois solo dans un pays rempli de jungle et de danger me rendait fière. J’aimais voir l’étincelle dans les yeux des gens qui me trouvait ô combien courageuse. J’étais une aventurière. Moi, j’étais game. Les gens étaient jaloux et j’étais fière.
J’ai adoré mon voyage! J’ai fait des choses merveilleuses et j’ai rencontré des gens extraordinaires. Jusqu’à ce que la réalité me frappe en pleine face, après un mois à faire semblant.
Je n’étais pas une aventurière.
Je n’ai jamais été une aventurière.
Je m’étais mis un défi trop grand pour moi dans le but de plaire aux gens. Je voulais que les gens me trouvent cool, sauf que je n’avais plus de plaisir. J’ai forcé la chose encore un peu. Je ne voulais pas abandonner l’image que les gens avaient de moi. Les voyages, c’est censé être tellement cool! Je n’avais pas le droit de vouloir quitter ce mode de vie, je devais absolument vivre le rêve.
Quand j’ai pris la décision de revenir plus tôt que prévu, j’ai pleuré beaucoup. Comme si j’avais échoué quelque chose. Je n’avais pas réussi et j’ai déçu tout le monde. Je me suis déçue moi-même.
Jusqu’à ce que je décide de penser à tout ce que j’avais accompli plutôt que ce que je n’avais pas réussi à faire. C’était mon voyage, pas celui des autres! Peu de gens seraient prêts à partir seul comme je l’ai fait. J’ai accompli quelque chose – des milliers de choses, même!
C’est quand j’ai arrêté de regarder mon voyage dans les yeux des autres que je me suis rendu compte à quel point il était beau et à quel point il a valu la peine d’être vécu.
Dans les voyages comme dans la vie, il faut savoir respecter nos limites et surtout nous faire plaisir. Au final, il n’y a rien de mal à prendre la décision d’écourter son séjour, car, je me répète, il s’agit de NOTRE voyage et on est les seuls à savoir ce qui est bon pour nous!
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