J’ai déjà dit. À quelqu’un. Que je le trouvais lâche. C’est dur de l’avouer. Je lui ai dit, ta « dépression » (en mimant bien les guillemets), tu pourrais en sortir facilement. T’es juste lâche.
(Beaucoup, beaucoup d’incompréhension.) (Beaucoup, beaucoup de tête dans le sable.)
C’est comme si j’en avais voulu longtemps aux gens depress. Comme si j’avais voulu les brasser violemment, les secouer. Réveille asti. Laisse-toi pas tomber.
J’ai eu beaucoup de préjugés vis-à-vis des gens qui « me » donnaient l’impression d’avoir « lâché prise ». ««« J’me sens mal ça paraît-tu? »»»
J’ai déjà dit, moi, je ferai jamais de dépression. Ouf. Quand j’y pense.
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Pis j’ai pogné un pas pire down pendant mon bac. Le genre de ceux-là qui te font rentrer des bars en souhaitant marcher jusqu’à changer de ville, pour te ramasser en campagne couchée dans un ballot de foin. Je sais plus combien de fois j’ai descendu les marches de tous les escaliers, de St-Jean à St-Roch en braillant. Les chevilles fragilisées dans mes talons, comme des pattes de chevaux en calèche qui tombent entre les craques du pavé. Une pouliche comme Nana.
Toute brisée.
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Le pire là-dedans, c’est que j’y ai dit au gars, laisse-toi pas ramasser par la vague de vomi noir, juste après m’en être sortie.
J’ai comme pas eu de compassion. J’ai comme pas voulu me mettre à sa place parce que criss que j’étais contente d’être pu là.
Je pense que c’est la première fois que je le dis devant du monde en fait. Ça a dû paraître quand même, à force que mes amis me « pitchent » dans des taxis à neuf heures du soir ou après m’avoir vu pleurer « dins » bras de tout le monde, même de ceux que je connais pas.
J’ai comme eu honte peut-être. Parce que, moi, je ferai jamais de dépression.
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Crédit photo de couverture : Kaël Mercader