Sommaire
On parle d’un revival burlesque qui a fait son retour dans la culture populaire il y a presque vingt ans déjà. La première vague, née du vaudeville dans les cabarets, présentait des femmes qui faisaient un effeuillage sur une scène, pour le plaisir des spectateurs. Au tournant des années 2000, des icônes, amatrices d’une époque révolue – on pense à Dita Von Teese, Michelle L’Amour, Dirty Martini et compagnie – l’ont remis au goût du jour, et des milliers l’ont aussi fait depuis. Et ce jour-là a presque 20 ans. Underground, marginal, dépassé, mainstream, quétaine, trash, érotique? Le burlesque a autant de visages que d’artistes qui le pratiquent, mais, ce qui reste uniforme, ce sont les choses qu’on se passerait de se faire dire…
Top 8 venant d’une effeuilleuse burlesque directrice de troupe, Bambi Balboa, qui vous sert de guide!
Source
Source
#8 « C’est tu gênant de monter sur scène « tounue » avec le corps que t’as? »
Premièrement, jamais finir une phrase avec le terme « avec le corps que t’as ». On se sent comme si on était une carcasse résiduelle d’un accident de train où une meute de chiens malades aurait uriné dessus, ou encore comme une cargaison de couches de bébés oubliée sur la plage par jour de canicule. On a le corps qu’on a, point. Et sur une scène, on est vues en 360 degrés sans filtre. Certes les costumes, le glitter et l’éclairage ont pour but de nous mettre en valeur (on n’est pas des caves, on va pas non plus s’éclairer avec des néons de salle d’attente de CLSC), mais quand on en vient à se dire « Je m’en va me mettre tounue devant le monde », notre idée est déjà pas mal faite, et c’est pas un pli de bourrelet ou un ti-toton mou qui va nous faire changer d’idée.
Source
#7 « Est-ce que tes parents savent ce que tu fais? »
Euhm, est-ce que je vole des banques? Non. Est-ce que je vends de la drogue à des enfants? Non. Je fais du spectacle. Non seulement je veux qu’ils le sachent, mais je connais pas un ou une artiste burlesque qui ne possède pas minimum 3-4 pages de réseaux sociaux pour ANNONCER À LA TERRE ENTIÈRE qu’il ou elle fait du burlesque. C’est un art exubérant, et exhibitionniste, certes, mais pas criminel. Alors on met un ho-là sur le shame, han!
Source
#6 « C’est où t’as pris ton costume? »
Pas que ça nous embête, et s’il y a des pièces qui se vendent telles quelles où qu’on a trouvé un endroit où y a un bon deal sur les matériaux, ça va nous faire plaisir de partager la bonne nouvelle, mais le « costume » vient rarement dans une boîte. Soit confectionné par nos blanches mains, soit customisé par d’habiles mains de couturière, ce qui s’enlève sur scène a à 98 % de chances dû être modifié d’une quelconque façon avant d’être montré. N’empêche qu’on rêve encore du jour où on pourra répondre et que ce soit vrai en disant « Rangée 4 su’ Sears ».
Source
#5 « C’est tu comme dans le film Burlesque? »
Ah, comme la fois que j’ai quitté mon patelin pour la grande ville et que Cher était ma gérante pis que j’étais embauchée à temps plein dans un cabaret avec un budget costumes-perruques-accessoires-éclairage-musiciens-choristes illimité? HAHAHAHAHAHAHAHAHA. Lol. N’empêche, ce film-là a donné à beaucoup le désir de faire de la scène et a certainement cimenté l’engouement pour le burlesque dans la culture populaire. Mais, sinon, sors de ton rêve au plus crisse. (Props à Kristen Bell qui est adorable dans ce film!)
Source
#4 « J’aimerais avoir un show professionnel mais j’ai du budget pour n’engager que 1 fille et demi. »
Pour faire de la magie, ça prend du matériel. Et ça nous coûte des sous rien que pour se déplacer et pour ce qu’on a sur le dos (qui souvent doit être renouvelé). Plumes, paillettes, bas, cils, pétales, poudre de perlimpinpin, alouette. Sans parler du décor portatif, de notre éclairage. Sans ça, ce qu’on fait, ça revient à enlever un costume de clown live dans la salle d’attente du CLSC. Donc soit on vous propose un devis pour un vrai show professionnel avec ce qu’il en coûte dans le réel, soit vous vous démerdez pour trouver quelqu’un d’autre pour l’enterrement de vie de garçon de votre beau-frère. Capiche?
Source
#3 « Combien ça coûte si tu me fais une performance d’une heure ou deux? »
Un numéro d’une performeuse ça peut pas durer trois siècles, han. On n’est pas Jean-Marc Parent. Il s’agit de créer un momentum en musique avec un début (habillée), un pendant (le déshabillage) et une fin (tounuuuue!!!!) Une fois défeuillée, c’est rare qu’on s’assoit sur le tabouret et qu’on se met à compter des jokes sur les différences entre les gars pis les filles, sérieux. Quand y a (presque) pu rien à enlever, y a des dangers que ça vire comme dans le clip Rock DJ de Robbie Williams.
Source
Source
#2 « Oui, mais vous au moins c’est classe ce que vous faites, c’pas comme les danseuses. »
Ton petit jugement, garde-moi-le dans une boîte d’un coup que j’en aurais besoin dans 100 ans. Plus sérieusement, oui, c’est différent. La différence principale est la proximité avec le public. On pourrait parler aussi de direction artistique, de mise en scène. Reste que le burlesque est un ancêtre du bar de danseuses tel qu’on le connaît aujourd’hui. Et des femmes qui se déshabillent devant public, y en avait il y a mille ans et y en aura dans mille ans, de Salomé à X0rg28blk.
Source
#1 « C’est quoi le burlesque pour toi? »
Faudra se référer au début. Y a autant de réponses qu’il y a d’artistes qui le pratiquent. Pour ma part c’est un art actualisé avec le souci et le rêve d’antan. Tant qu’on y met du nôtre, y a pas de raison que la vague s’estompe. Longue vie aux tounues!
Source
Crédit photo : Frank Lam