On m’a demandé pourquoi j’écris, ce qui me motive, si je suis payée pour le faire. Voici ma réponse à ces questions : l’écriture est le meilleur psychologue que j’ai pu trouver. Ça me fait du bien en dedans. C’est ce qui m’a permis de me comprendre, d’évoluer.
Pas besoin d’être Molière pour écrire. J’ai toujours eu des résultats moyens en français et je n’étais pas non plus particulièrement passionnée par l’écriture de textes au secondaire. Par contre, lorsque je suis partie bien loin, j’ai parfois eu quelques heures à tuer entre deux voyages. Je lisais tout ce qui me tombait sur la main et je me répétais sans cesse que j’aimerais ça tomber sur un livre, le livre qui pourrait tout changer, celui qui s’accorderait avec moi en tout point, un livre dont seule moi pourrait apprécier chacun des mots à leur juste valeur, celui que je voudrais lire et relire, celui qui me permettrait de voyager encore et encore, et ce, peu importe où je me trouve.
Quand on est loin de tout, qu’on se découvre et qu’il nous arrive plein d’aventures, il est nécessaire de faire le point, de se recentrer. Les mots manquaient. J’aurais aimé m’exprimer de telle sorte que le confident à qui je me livrais puisse lire en moi comme dans un livre ouvert. Je voulais également ne rien oublier. Ainsi, lors du dernier mois de mon périple, je me suis mise à écrire. Je notais tout dans mon carnet. Au début, c’était davantage une corvée qu’un moment libérateur. En fait, j’avais de la difficulté à être assidue. Je devais me motiver pour écrire tous les soirs. Je ne trouvais pas les mots. Je comparais mon écriture à celle d’une rédaction d’un enfant du primaire : « La pomme est rouge. Pierre a bien aimé la pomme. » J’étais dans le descriptif et comme je suis cartésienne, mon récit ressemblait davantage à une liste d’épicerie. Je n’étais pas fière. J’avais envie d’arrêter.
Après un certain temps, lorsque c’est devenu une activité aussi naturelle que celle de me brosser les dents, j’ai pu en retirer les bénéfices. Je me racontais. J’écrivais tout ce que je pensais, que ce soit joli ou horrible. Je me mettais à nu, mais comme le contenu m’était uniquement destiné, je ne mâchais pas mes mots. Je m’exprimais sans filtre.
Je n’ai jamais arrêté de me raconter ma vie pendant un certain temps. Ça me faisait un bien fou. Je me défoulais dans ce petit carnet. Je rêvais également. J’avais hâte que la journée soit terminée pour me retrouver dans mon lit, mon journal à la main, en train de tout raconter. Et un jour, j’ai lu un livre et je me suis fâchée. J’étais enragée de lire le déroulement de l’histoire sans ajouter mon grain de sel. Les personnages me décourageaient. C’est alors que je me suis dit que j’aimerais tellement ça, un jour, écrire un livre, le livre que j’aurais tellement aimé dévorer.
L’écriture, c’est accessible à tout le monde. C’est un vrai moment que l’on prend pour soi. On s’arrête, on prend le temps d’analyser et on cerne ce qui nous dérange véritablement par rapport à ce qui se produit dans notre quotidien. Il y a des gens qui ne se relisent jamais et il y a des gens, comme moi, qui aiment bien le faire pour retrouver leurs souvenirs. J’ai souvent pu diminuer ma colère en déchargeant l’encre sur le papier. L’écriture m’a permis de décompresser et de lâcher prise. Elle m’a permis de faire entrer la lumière en moi. Grâce à ce petit geste, j’ai eu la force d’affronter ce qui se passait dans ma vie.
Allez-y, essayez… prenez le temps, vous aussi, de coucher vos idées sur papier.