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Je suis venu, j’ai couru, j’ai survécu

Le week-end dernier, c’était la course du Grand défi Pierre Lavoie : un parcours symbolique de 270 km, du centre-ville de Québec jusqu’au stade olympique de Montréal. Moi qui suis une larve depuis le début de l’université, jamais je ne pensais un jour tenter cette folie, mais apparemment, mon cœur a eu le meilleur de ma raison. Eh bien heureusement, car ce fut une expérience délirante que je ne suis pas prêt d’oublier – croyez-moi que je ne dis pas ça souvent !

Tout a commencé environ un an plus tôt, lorsque l’homme lui-même — Pierre Lavoie — est venu faire un discours à mon cégep. À l’époque, si je me souviens bien, j’étais allé parce que notre prof d’éducation physique nous donnait un point bonus (le struggle de la cote R) pour aucune bonne raison valable finalement. Mais lorsque Pierre (je sais pas comment l’appeler, M. Pierre ? M. Lavoie ? ML ? Je lui ai quand même fait un high-five !) est monté sur la scène de la salle Albert-Rousseau, j’ai, comme toute personne saine d’esprit sur Terre, été conquis par son charme, puis séduit par son histoire.

Pierre Lavoie n’a pas toujours été en forme dans sa vie. En fait, si je me souviens bien, il affirme avoir commencé à faire du sport afin d’améliorer son apparence corporelle pour pouvoir séduire la femme de ses rêves. Dans tous les cas, cela semble avoir marché, car lui et sa femme Lynne auront par la suite quatre enfants. Mais parmi ces quatre, deux seront atteints de la maladie de l’acidose lactique, une pathologie au pronostic sombre… Laurie décèdera à quatre ans, et Raphaël, à vingt mois. Ce deuil a changé à jamais la vie de leur papa, rongé par la culpabilité d’avoir possiblement transmis le gène de cette maladie à ses enfants. Afin de combattre sa peine, il s’est mis à pédaler de plus belle. De l’homme qui ne faisait pas de sport il y a dix ans, il est devenu triathlonien et a remporté la première place du championnat Iron man de Kona trois fois de suite, soit en 1996, en 2004 et en 2005.

Entretemps, afin de venir en aide aux autres personnes atteintes de la maladie de l’acidose lactique, il met sur pied le Défi Pierre Lavoie pour la première fois en 1999. Comportant initialement une course à vélo, cet évènement annuel se transforme en 2008 pour devenir le Grand défi Pierre Lavoie, ciblant directement la santé des jeunes et les bonnes habitudes de vie. S’ajoutent à l’évènement un volet d’activité physique destiné aux enfants du primaire (les Cubes d’énergie), ainsi qu’une course à relais entre Québec et Montréal visant les étudiants de niveau secondaire, collégial et universitaire. Grâce au Grand défi, la recherche sur l’acidose lactique est financée à 100 % aujourd’hui.

Je suis sorti de cette conférence avec beaucoup d’admiration et d’humilité face à cet homme qui a réussi à surmonter ces épreuves et à donner un sens aux évènements tragiques qui ont sculpté sa vie. Et puis, progressivement, ce sentiment s’est évaporé, à mesure que je me suis replongé dans les études, la fin de session, les examens. Le message de Pierre Lavoie s’est enfoui dans les annales les plus lointaines de ma mémoire, alors que je m’embourbais dans le stress de performance caractéristique du collégial.

Un an plus tard, les dernières paroles de Pierre Lavoie ont resurgi dans ma tête alors que j’ai vu que l’université cherchait quelques étudiants pour compléter son équipe de coureurs en vue de l’édition 2017 de la course. Moi qui n’avais presque pas couru depuis le début de l’année, qui se nourrissait de Mr.noodles et de boîtes de jus à profusion… je n’ai pas trouvé le courage de dire non à cette occasion.

Le résultat, un mois plus tard, ce fut une fin de semaine incroyable, dans laquelle il s’est forgé un sentiment de camaraderie unique entre 40 étudiants en médecine, en réadaptation, en sciences infirmières et en pharmacologie, alors que nous franchissions ensemble à des intervalles de 2 km la distance séparant Québec de Montréal.

À vous d’en juger :

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