À toi, personne avec cheveux,
Je ne peux commencer à imaginer l’énergie que tu as investie dans tes cheveux : à les coiffer, les lisser, les brûler, les teindre, les mêler – et les démêler. Tu y a mis de l’énergie, certes, mais il ne faudrait pas oublier tout l’argent dépensé dans ces soins : le shampoing, le coiffeur, le fixatif, les bobby pins et les élastiques qu’on ne trouve jamais lorsqu’on en a vraiment besoin.
Tout ça pour des cheveux, des cellules pourtant mortes qui voguent à la surface de ce crâne enneigé de pellicules. On en d’ailleurs fait notre dada… à en devenir gaga. C’est comme si on voyait constamment le monde sous un prisme chevelu, capillaire, qu’un toupet nous bloquait constamment la vue.
On parle de bad hair day pour qualifier notre journée. Se couper les cheveux est un sacrifice insurmontable. Et « avoir de beaux cheveux » est devenu un attribut ET une qualité.
C’t’un peu absurde, non?
Avoir de beaux cheveux, ce ne sera jamais ta plus grande qualité. Ta coupe, ta couleur, la longueur de ta frange, elles te vont bien, certes, mais c’est INFINIMENT trop peu pour te décrire, toi.
J’te dis tout ça, parce que je crois moi-même m’être un peu perdue dans tout cette histoire capillaire.
J’ai changé de couleur, de teinture comme on change de pantalon. Peut-être j’espérais trouver quelque chose – moi? – mais, au final, je me suis pas magiquement « transformée » en une autre personne (j’ai juste payé des centaines de dollars pour finalement me retrouver avec une « moppe » blonde sur une tête brulée de bleach).
Mais alors pourquoi est-ce qu’on se donne toujours comme conseil d’aller au coiffeur après une rupture amoureuse? Pourquoi est-ce que dans beaucoup de films, beaucoup d’héroïnes se rasent le coco lorsqu’elles rencontrent une épreuve? Est-ce que parce qu’on insinue que notre bien-être serait d’une quelconque manière relié à la longueur de nos cheveux? Que les femmes se résument à leur tignasse? Surtout, quelle est la part de mon individualité que la société emprisonne dans mon cuir chevelu?
Source
C’est vrai, on doit le dire, pour plusieurs, se couper les cheveux, c’est libérateur, c’est différent. Oui, mais pour d’autres, ce n’est qu’une altération à leur apparence, rien d’autre. Puis, si tu veux vraiment te libérer de quoi que ce soit, changer ta personne, faudrait peut-être commencer par regarder ce qui fourmille à l’intérieur avant de passer sous le ciseau.
Bref, tout ça pour dire, qu’il faudrait peut-être qu’on lâche nos cheveux deux secondes, comme Cara Delevingne l’a fait.
Source
On les aura courts, longs, rasés ; considérez-les féminins, masculins, ou les deux, ou aucun, qu’ils soient blonds, verts ou mauves, on en a assez parlé.
De toute façon, on s’entend pour dire que t’es beaucoup plus que ce qui trône au-dessus de ta tête. C’est surtout ce qui a en dessous qui devrait tous nous intéresser. C’est tout ce qui importe.
Bien à toi,
Autre personne avec cheveux.
Source
Source photo de couverture