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Ma solitude nécessaire

Je l’sais. Je l’sais que tu n’aimais pas ça, quand je te disais que j’avais envie d’être seule. Pas juste une envie, non, mais plutôt un besoin. Je l’sais que tu croyais que c’était un désaveu de ma part. Que tu pensais que ta présence me dérangeait constamment. On n’a pas su s’entendre. J’ai tenté de te le faire comprendre : je ne te déteste pas, tu n’as pas mauvaise haleine ou quoi que ce soit d’aussi absurde, j’ai juste terriblement besoin d’être seule parfois.

Pour toi, solitude égale être solitaire. Pour moi, ce n’est pas – pantoute – la même affaire. Je suis désolée que tu aies eu un feeling de rejet. Ce n’était pas contre toi.

Après un réveil trop tôt, après avoir habillé, nourri, conduit trois enfants le matin, chaque matin. Après avoir travaillé, m’être obstinée, après des réunions, des retards dans le transport en commun. Après le stress de ne pas arriver à temps à la garderie, après avoir cuisiné en entendant trois p’tites voix me demander « C’est bientôt prêt? J’ai faim! » à répétition. Après le bain, la routine du soir, les enfants qui ont soif mille fois, envie de pipi trois cents fois, besoin d’un huitième câlin. Après tout ce qui remplit une journée, tout ce qui rend le cerveau trop alerte ou trop mou, me retrouver avec moi-même, c’est nécessaire à ma survie. Pus envie de penser. Pus envie de décider. Pus envie d’entendre du bruit. Pus envie de débattre. Pus envie de bouger. Juste envie de décrocher. De décrocher du monde, au complet.

Un livre, trois épisodes en ligne d’une série sur Netflix, un café, seule, quelque part, un verre de vin, dehors, les pieds sur une table et les yeux fermés, ça me refait une vie. Je suis prête à affronter le lendemain, après ce moment, aussi court soit-il.

Pis t’sais, on peut même la vivre à deux, cette solitude. Des fois, c’est même encore plus beau. Toi, dans un coin, avec un livre, de la musique ou ton téléphone, peu importe. Moi, assise sur le sofa, sous une couverture, avec un livre. Chacun dans notre monde, mais pas assez loin pour ne pas prendre le temps de se faire un sourire complice, un regard chaud, ou de se dire une phrase ou deux. Même que ce genre de moment de solitude, j’le trouve vraiment beau, comme ça. Presque parfait.

Par Marylène Kirouac

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