from-italy.com
Blog

Partir pour mieux revenir

Pour la 6ième année consécutive de ma jeune vie, je dis au revoir au mois de mai québécois. Ce n’est pas que je ne l’aime pas, c’est plutôt qu’entre mes années aux études et mes jobs d’été, ce fut toujours le moment le plus opportun pour prendre mes clics et mes claques. Je troquerais mai pour les froideurs de janvier n’importe quand, mais bon, c’est la vie.

J’ai besoin de partir à l’aventure une fois l’an, et ce, pour minimum 3 semaines d’affilée. Un luxe pour une fille à la mi-vingtaine qui ne roule pas sur l’or, certains diront. Je me suis culpabilisée longtemps; pourquoi pas prendre des REER, acheter un divan plus confortable, me permettre de magasiner en ligne à même mon lit quand j’feel down, m’électrolyser le corps et jeter une fois pour tout mon fidèle Vénus vibrance, essayer les restos « top-notch » de la ville comme bon me semble, assister à tous les shows de musique qui m’interpellent, faire mon épicerie en fonction de mes envies pas des deals du publi-sac…

Vite comme ça, ça peut sonner drastique. Mais quand on a la piqûre du voyage, tous ces « sacrifices » deviennent banals… Quand mon cerveau me mène à rêvasser d’un périlleux trek dans les Andes parmi les alpagas sauvages, les courbatures que me donne mon vieux divan perdent beaucoup d’importance.

Dans une société où on s’oublie au détriment de la quête de performance et de conformisme, plusieurs se rendent malades. Les bons médecins nous conseilleront de ralentir notre rythme, les bons médecins épuisés bord en bord régleront le tout avec une prescription de ci et de ça. On a beaucoup de médecins épuisés, au Québec.

Il y a quelque temps, notre système de santé a instauré le droit de prescrire des unités d’exercice physique. Au même titre qu’une pilule qu’on néglige de prendre, il revient au patient de prendre sa santé en main par l’exercice recommandé, voire imposé. Et si les médecins commençaient à prescrire des unités de recul? La connotation est déjà plus positive qu’épuisement professionnel ou burn out, non?

Prendre du recul, c’est essentiel, et il ne faut idéalement pas attendre d’être au fond du baril. Mais il demeure mal vu de dire « je mets tout sur pause pour les prochains jours, semaines, et je prends du recul sur ma vie pour cibler mon bonheur et mes envies » quand on a une pile de dossiers inachevés sur le bureau. Que ce soit de prendre un billet d’avion ou simplement d’aller s’encabaner à la campagne chez tante Rita le temps d’une pause, on devrait tous pouvoir le faire sans gêne, et se rappeler qu’il n’y a personne d’irremplaçable dans un contexte professionnel.

Pour moi, partir à l’aventure dans de lointaines contrées est une médication sans égal. Je reviens toujours mieux, même si je n’allais pas nécessairement mal avant mon départ. À chaque retour de voyage, je réalise que j’ai fait bien plus qu’apprivoiser une nouvelle culture, un nouvel environnement; je me suis apprivoisée moi-même dans un contexte de défis et de dépaysement. Voyager soigne les maux de mon âme, m’oblige à lâcher prise et à remettre ma vie en perspective; voyager me permet de respirer mieux que mes pompes d’asthme. C’est une cure qui ne pourra jamais être réduite en pilule. C’est ma cure.

Toi ta cure, c’est quoi?

Autres articles

Je suis amoureuse de lui

adrien

Quand l’anxiété s’empare de moi

adrien

Survivre aux p’tits mots de bureau : le billet que tu peux plagier. – Par Jade

adrien

J’ai pas d’amis

adrien

Ode à notre amitié

adrien

Être l' « ami gai »

adrien