Sartre a déjà dit : L’enfer, c’est les autres.
Longtemps, j’ai souhaité qu’il se soit trompé, trop aveuglé par l’acide de son cynisme. Longtemps, j’ai cru en l’homme, en sa bonté, en son intelligence. J’ai tellement eu foi en sa sagesse. Je me considérais philanthrope.
Enfant, mes mains avides de savoir ont trébuché entre les pages d’un joyau ornant ma bibliothèque déjà bien garnie. L’encyclopédie que je feuilletais avait dédié un chapitre complet sur Léonard De Vinci. Je me suis abreuvée de ses théories d’ingénierie, je me suis saoulée de son intelligence. La beauté de ses créations s’est mise à éclore en mon jeune esprit. J’en fus séduite. Enfant, je ne comprenais pas ce que signifiait l’ingénierie de guerre.
La session passée, j’ai assisté à un groupe de lecture. Nous discutions sur les exploits d’Alexandre le Grand. Dominé par le goût de la conquête, le jeune macédonien a offert la mort à des milliers de personnes sur son chemin qui s’est étiré jusqu’au Gange, une terre où il était étranger. Seul son courage s’est ancré dans notre mémoire. Un courage que l’on vénère sans honte. J’ai honte que des barbares comme lui aient été les architectes de l’humanité.
Aujourd’hui, peu après l’attaque survenue à Manchester, j’éprouve encore plus de difficulté à me considérer philanthrope.
Comment est-ce possible d’avouer son amour pour l’homme alors que les tragédies causées par l’humain lui-même ne cessent de s’accumuler? L’absurdité a empoisonné la politique contemporaine. Quelque chose de pourri repose entre les mains dirigeantes avares. Jamais je n’aurais pensé me retrouver en plein cœur d’une tragédie shakespearienne.
Hugo Latulippe a dit : La poésie, c’est les autres.
J’aimerais y croire.
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