Saffie Rose, Georgina – ce sont les prénoms des deux premières victimes identifiées suite à l’attentat de Manchester d’hier soir lors d’un concert d’Ariana Grande. 22 morts, 59 blessés que l’on rapporte pour le moment – lors d’un concert d’Ariana Grande. C’est avec le cœur lourd, les idées tourmentées et un mal à l’humanité poignant que l’on prend la nouvelle – ça ne peut être autrement. Comment exprimer une sympathie aussi grande que celle que l’on éprouve au moment même? Une minute de silence – ça ne suffit clairement pas, pas plus qu’un bouquet de roses. On veut changer les choses – comment? Que faire? – encore une fois, on ne sait pas comment faire emporter le bien sur le mal. On est impuissants, déboussolés, on nous a pris par surprise – lors d’un concert d’Ariana Grande.
Je ne peux cesser de me dire que ça aurait pu être ma sœur dont on constatait le décès ce matin suite aux blessures d’un attentat lors d’un concert d’Ariana Grande. Je ne cesse de me dire que ce qui s’annonçait être une soirée incroyable a viré au cauchemar, que des gens innocents, vulnérables, ont été attaqués à tort, au nom d’un conflit dont ils ne font même pas partie – dont ils n’ont même pas conscience.
Un concert d’Ariana Grande. Des gens qui sont heureux, qui ont économisé pour être là, qui ont pris des congés – qui ont anticipé le moment. Des jeunes, excités d’être face à leur idole, des moins jeunes, comblés de voir dans les yeux de leurs enfants des étincelles, du bonheur. Clairement, je ne comprends pas à quel moment l’on décide de s’en prendre à des gens assistant à un concert d’Ariana Grande – pas plus qu’à des gens dans un marathon, pas plus qu’à des gens priant dans une mosquée.
Soyons honnêtes, je sais que je ne suis pas la seule qui y pense fréquemment – je n’ai pas peur, mais je suis consciente du risque qu’implique mes choix – disons que je connais la sortie de secours dans mes locaux à l’université, et qu’à chaque fois que je vais dans une foule, je me dis « ça n’arrivera pas, mais si jamais, je fais quoi? ».
Je vais constamment dans des concerts – nous allons constamment dans des concerts. Mais peut-on se mettre à refuser de vivre parce que des attentats sont probables? C’est ça que l’on nous dit par des attaques comme ça. On nous fait peur, on nous demande de déclarer forfait, d’admettre que l’autre est plus fort. On nous demande de laisser un groupe qu’on ne connait que de nom et de réputation nous dominer sous un régime de peur. On nous demande de prendre l’autre camp, de cesser nos activités.
Et ce n’est pas que dans un sens, la peur que l’on ressent, ils la ressentent aussi. L’Homme s’est autodéclaré une guerre au nom de la paix, qu’il détruit un peu plus chaque jour – l’Homme se dit différent de l’autre, il est pareil. Les victimes s’inversent les rôles, une incompréhension ne fait que grandir de part et d’autre.
À la mémoire toute particulière des victimes des attentats de Manchester, et de toutes les victimes d’attentat à l’échelle planétaire, à travers le temps – nous revendiquons la paix. Nous revendiquons un changement. Nous revendiquons que l’on cesse le feu, et que l’on rende l’insouciance, l’innocence à notre jeunesse. Nous revendiquons la paix, mais aussi la paix d’esprit.
Je rêve du jour où les aéroports, les concerts, les grands centres ne seront plus inquiétants. Que l’on n’y verra pas une chance d’être victime d’attentat, mais bien une chance d’entrer en contact avec les autres, de se sentir unis!
En attendant, nous envoyons nos plus sincères condoléances aux familles, proches, ami.es des victimes – et en mon nom personnel, je promets de tenter de faire un changement.
Je rêve du jour où l’on clamera revendiquer la paix – et non des attentats.
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