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Quand tu craques pour ton coloc – Par Élodie

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La semaine dernière, mon cousin m’a présenté sa nouvelle blonde. En fin de soirée, je me suis ramassée seule avec elle dans la cuisine, et je lui ai demandé :

– Olivia, tu l’as rencontré comment Charles?

– Je te l’ai dit, ma coloc partait en voyage faque elle a trouvé quelqu’un à qui sous-louer, l’ami du cousin du chum de sa grande sœur genre. Pis là, ben on n’a pas eu le choix d’apprendre à se connaître!

– Oui oui, je sais ça, mais moi, ce que je veux entendre, c’est la vraie histoire…

Elle a discrètement scanné les environs. Les gars buvaient de la bière près de la piscine, ils ne pouvaient pas nous entendre. Elle a pris une gorgée de vin, elle m’a regardée avec un sourire en coin, et elle s’est lancée :

« Il est arrivé un samedi après-midi avec seulement 3-4 boîtes, ben relax, comme s’il avait toujours habité là – il portait une chemise en flanelle carreautée, je me rappelle – en tout cas, on a fait chacun nos affaires pendant plusieurs semaines. On s’est mis à jaser, un peu, beaucoup. On allait courir ensemble, des fois. Graduellement, on s’est mis à cuisiner pour deux. Il avait une opinion sur tout, une vraie grande gueule! Pis il ratait jamais une occasion de me niaiser. Mes amies arrêtaient pas de dire que j’allais finir par coucher avec, qu’il était trop cute et trop célibataire pour pas que ça arrive. Je leur répondais : « Vous êtes malades, jamais! On partage un 4 ½, that’s it. Je veux rien savoir de lui, ni d’aucun autre gars. » Mais j’avoue qu’au fond… je le trouvais beau. En général, je trippe pas sur les blonds, mais lui, je sais pas, y’avait quelque chose de spécial.

Et, il y a deux mois, c’était ma fête. Je suis sortie avec mes amies, et on a complètement perdu le nord. À trois heures du matin, j’avais même pu 5 $ pour payer un taxi, et il me manquait un talon haut. On l’a cherché et cherché ce maudit soulier-là, mais on l’a jamais trouvé. Finalement, je sais pas pourquoi, mais j’ai appelé Charles. Demande-moi pas ce que je lui ai dit, je m’en souviens pu. Il est venu nous chercher, pis moi, j’ai braillé pendant tout le trajet parce c’était ma paire de souliers préférée!

Une fois à l’appart, il m’a transporté jusque dans mon lit en riant de moi. Il est allé me chercher un verre d’eau et deux Advil, et il m’a donné un bec sur le front avant de sortir de ma chambre.

Quand je me suis levée le lendemain, j’étais dans un état épouvantable, les cheveux ébouriffés, le mascara coulé, je portais encore mes vêtements de la veille. Tu vois le genre? Bref, j’étais laide, mais j’ai pris le temps de me changer, de me démaquiller et de m’attacher les cheveux avant de sortir pour prendre un Gatorade dans le frigo, parce que je savais qu’il allait être levé. C’est là que j’ai réalisé que quelque chose s’était passé entre nous sans que je m’en rende compte. Merde! J’avais des sentiments. Non, non, non! Je pouvais pas, c’était pas dans mes plans. J’avais pas le temps pour ça, ça allait être compliqué. Il allait finir par me faire de la peine. Je savais pas quoi faire. J’ai passé quelques jours à l’éviter. Je me trouvais des prétextes pour être le moins souvent possible à l’appart parce que j’étais incapable de gérer les maudits papillons que j’avais dans le ventre chaque fois que je le voyais!

Un moment donné, alors que je me sauvais, encore, il m’a fermé la porte en pleine face : « Tu fais quoi là au juste Oli? Arrête de m’éviter. »

Je suis restée silencieuse plusieurs secondes. J’avais le vertige. J’ai comme figé, ma main s’est crispée sur la poignée de porte. Il s’est avancé – mes jambes sont devenues molles, il sent tellement bon – pis là, il m’a embrassée. Après, il a reculé d’un pas, et il a sorti un talon haut noir du placard : « Tiens, j’ai retrouvé ton soulier sur Cartier jeudi matin. Tu restes? Reste Oli, j’ai le goût qu’on soit ensemble… »

Mon soulier! Tu te rends tu compte? Il était retourné chercher mon soulier au bar. Il l’avait cherché dans la rue! Je l’ai regardé, pis je me suis dit : « T’as peur de quoi au juste? D’être heureuse? T’attends quoi ma grande? Qu’il déménage? »

En fin de compte Élo, j’pense qu’y’a pas d’âge parfait ou de moment parfait pour tomber en amour, y’a juste la personne parfaite. Un moment donné, faut juste se lancer…

Faque, j’ai enlevé ma main de sur la poignée de porte, pis je l’ai barrée. »

 

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