Marianne, 8 ans. Pas de responsabilités, pas de tracas, pas de « pouèle » NULLE PART.
Ma vie? M’amuser, jouer dehors et regarder mes seins ne pas pousser.
8 ans. T’es kid. C’est l’printemps, il fait beau soleil, t’es heureuse. T’es en pleine partie de cachette extérieure avec la p’tite voisine cute. (En plus, elle a 10 ans. Solide!) Pis là, BOUM! Ta mère te sonne l’heure de rentrer. Fini! Tu ne peux pas rien dire, c’est elle la boss.
Gâcheuse de party…
C’est comme ça que le nôtre s’est terminé, mon ex-amour.
Tu m’obliges à rentrer seule alors que j’avais beaucoup de plaisir.
Viennent la tristesse, le vide, la perte de poids… Je souhaite presque que ma mère me fasse une p’tite soeur pour pouvoir lui emprunter son linge!
C’était pas ça, mon rôle, mon ex-amour. Pas avec toi. Tout l’monde hait les génériques pour mourir. Pourquoi s’en imposer un?
Psst psst… Cupidon! Inspire-toi donc de l’immortalité d’Hercule quand tu formes tes couples. Pas de la batterie d’un iPhone!
Je déteste penser que tu passeras d’amoureuse à inconnue. Que mon cœur devra s’envoler pour rencontrer d’autres humains qui ne sont pas toi.
Si j’avais envie de passer d’arbre en arbre, j’me payerais une journée. Là, c’est dans tes racines que j’ai envie de rester, de m’accrocher et d’me faire de la corne aux mains.
Personne n’a le goût d’avoir à dire au revoir à quelqu’un comme toi. Tu donnes envie de faire comme mes matantes et de rester dans le cadre de porte pendant mille ans.
Tu mérites du bien. Beaucoup de bien. Je la trouve déjà chanceuse, la personne à qui tu vas ouvrir ton p’tit coeur.
J’irais bien péter ses pneus, mais je fais l’saut quand j’entends une balloune éclater. Donc, ça s’annule.
Je t’embrasse. Très heureuse d’avoir eu ce moment privilégié avec toi, mon ex-amour.
Marie Lortie Côté
Crédit photo de couverture : Jessy Bergeron