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Je suis plate

Ça fait longtemps que je le sais. Même que je l’ai toujours su. Pendant des années, j’ai tout orchestré pour que ça ne paraisse pas. Ça a fonctionné pendant un moment. Puis je me suis tannée. J’ai pogné 25, 26, 27 ans. Pis 28. Pour une raison que j’ignore, l’arrivée de mes 28 ans m’a injecté une grosse dose de j’m’encrissetellement directement dans les veines. Et j’ai commencé à m’assumer.

Je suis plate.

Lire ici: j’aime ma vie. Je ne la trouve pas plate. Mais je suis plate selon plusieurs « critères. » Il est fou, le pouvoir de la pression sociale! Rien n’est laissé au hasard quand vient le temps d’être acceptable aux yeux de la masse informe et toute croche qu’est la société. Ton linge. Ta face. Ton poids. La musique que tu écoutes. La couleur de tes bas. TOUTE.
Récemment, on m’a dit que j’étais plate…et ça ne m’a pas fait un pli. À une époque, me faire dire une telle chose m’aurait fait vider mon compte en banque pour m’acheter un aller simple vers un pays au nom difficile à prononcer.

J’aime sortir mon linge le soir et le placer soigneusement sur ma commode pour le lendemain. J’aime faire ma vaisselle au fur et à mesure. Je suis incapable de relaxer quand il y a du désordre autour de moi. La plupart du temps, je suis vraiment heureuse quand les gens annulent des plans. La drama et les potins me font profondément chier. Genre, vraiment beaucoup. J’aime écouter des playlists de white noise en me magasinant des tisanes bio sur Amazon. J’aime mieux cuisiner qu’aller au restaurant. J’ai une eau pétillante préférée. La perspective d’une soirée à manger des chips en jouant au Nintendo m’excite mille fois plus que d’aller dans un bar ou dans un lancement. Je ne supporte plus d’aller voir des spectacles à moins d’avoir un siège réservé et de la place pour respirer.

Modification sur Paint par moi

Je me souviens avoir déjà voulu vivre en commune. J’avais 18 ans et j’allais souvent chez des ami.es qui louaient un immense appartement dans le Vieux-Lévis. J’étais passée à deux cheveux d’y vivre. Y penser aujourd’hui me donne des sueurs froides. Un va-et-vient incessant de gens? Du monde qui fume en dedans? De la musique jusqu’à 4h00 du matin? Tuez-moi maintenant.

Oui, oui, une fois par mois environ, comme une espèce de loup-garou qui s’extirpe de sa flanellette, il m’arrive encore d’avoir envie de socialiser et de « lâcher mon fou » selon l’usage courant de l’expression. Ça passe généralement assez rapidement. Je n’ai tout simplement plus la patience de faire semblant que j’aime quelque chose lorsque ce n’est pas le cas.
Je l’ai tellement eue longtemps, cette patience. Bien trop longtemps.

Est-ce que la platitude vient avec l’âge, ou bien est-ce qu’en vieillissant, on finit juste par se rendre compte qu’on a rien à prouver à qui que ce soit? Que ce n’est PAS GRAVE, d’être plate. Que ton plate est le wild de quelqu’un et vice-versa?

Toutes ces réponses, je dis. Et c’est tant mieux.

Source de la couverture

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