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Vivre seul

L’être humain vit en communauté. Dans toutes les castes sociales et de tous horizons, on partage, projette, rêve, et s’accompagne d’autres gens dans toutes les sphères de nos vies. À certains moments, il est tout à fait naturel de vouloir se retrouver en solitaire, dans sa bulle, mais en général, partager nos joies et nos peines nous permet de nous épanouir et de nous sentir plus stables. Considérant ceci, il est un peu fou de décider d’habiter seul.

Si cela doit vous arriver, il se peut que ce ne soit pas par choix. Les aléas de la vie peuvent un jour vous faire atterrir abruptement à un endroit où vous ne vous seriez jamais imaginé-e. Il se peut aussi que vous décidiez vous-même de vous bâtir un cocon pour vous seul-e après une dure expérience de colocation ou de séparation. Dans tous les cas, habiter en solo après avoir vécu avec votre famille, des amis, ou votre conjoint-e demande une certaine période d’adaptation.

Dans mon cas, c’est arrivé deux fois. J’ai habité cinq mois dans un petit appartement il y a quelques années, entre deux colocations. Je ne passais jamais de temps dans cet endroit. Je me suis découvert une angoisse impossible à gérer : je n’avais pas peur d’être seule, je n’étais pas à vérifier cent fois si j’avais barré la porte et à craindre de me faire attaquer. Je ne me sentais pas non plus déprimée, je ne m’ennuyais pas de quelqu’un en particulier. J’avais simplement le réflexe de sortir voir d’autres gens, ou encore de recevoir des amis. Tout-le-temps. Je ne profitais pas de l’oasis que j’avais voulu, je n’avais pas de qualité de vie, je ne dormais pas bien. Je travaillais un maximum d’heures et j’évitais littéralement mon appart : il y manquait de chaleur humaine pour que j’arrive à me sentir en sécurité et stable. Après ces mois d’énervement continuel, je m’étais faite à l’idée que d’habiter toute seule n’était pas fait pour moi. Que ça ne fonctionnerait tout simplement jamais avec mon tempérament.

Mais, au printemps de cette année, après m’être séparée, je me suis retrouvée à me chercher un nouveau chez-moi. Mes amis sont soit casé-e-s, soit déjà en colocation, et après avoir passé cinq ans à faire mes boîtes d’appart en appart, il était hors de question que je loue une chambre ou encore que je retourne vivre dans ma famille. Je me suis alors résolue à tenter d’habiter seule de nouveau. Je dois avouer qu’au moment de signer mon bail, ça me faisait mal d’appuyer sur le crayon.

J’avais peur de répéter mon comportement malsain et de retrouver mon angoisse indésirable. Je me disais qu’en habitant seule, j’aurais du temps à tuer, et que je ne saurais nourrir que mes pensées négatives à force de tourner en rond avec moi-même. C’est là que la vraie question s’est mise à me titiller : pourquoi est-ce que je cherche à ce point à me fuir? Il se cache là-dessous un immense travail : se découvrir soi-même, apprendre à s’apprécier, à se regarder en face et à s’accepter. Ce n’est pas facile, et je pense qu’on n’y arrive jamais entièrement.

En attendant, dans le concret, il me faut vivre avec moi-même au quotidien, comme tout le monde, et encore pire — essayer d’aimer ça! Voici les astuces qui sont en train de changer ma vie alors que j’entre avec bonheur dans le quatrième mois de ma cohabitation avec me, myself & I.

Avoir un animal de compagnie

Remplacer une gang d’amis en train de se fondre tranquillement dans les craques de ton futon par un animal de compagnie est une excellente stratégie. En ce qui me concerne, mon chien est une véritable thérapie pour mon âme. D’abord, mon animal m’oblige à passer du temps chez moi. C’est cruel de laisser son chien, son chat, son poisson rouge ou son hérisson tout seul à la maison derrière soi. On a hâte de revenir, et c’est parfait. Les petits yeux de mon chien endormi et ses grosses babines en plein dans ma tronche quand je me réveille, c’est maintenant ça, pour moi, la définition du bonheur. Entendons-nous bien, c’est une décision à ne pas prendre sur un coup de tête parce qu’on se sent seul-e. Il faut bien entendu réfléchir aux conséquences et à la charge de travail et de responsabilités qui viennent avec l’adoption d’un animal.

Décorer à votre goût

Ça a l’air banal comme conseil, mais voilà qui est vrai : on s’habitue et on se lasse très vite. Dans les semaines qui suivent un déménagement, nos cerveaux bouillonnent d’idées, on se fait des tableaux Pinterest avec nos coups de coeur déco. On se dit que notre loft va avoir un style très particulier et qu’on s’y sentira cozy, comfy, et que ce sera à la fois chaleureux et minimaliste, mais avec des accessoires punchés, et cetera et cetera : le beau scénario! La vérité, c’est qu’après avoir acheté une toile ou deux et repeint tous les murs, on finit par entrer chez soi sans voir réellement, et par ignorer les trucs qui nous énervaient. Le budget et le temps alloués à l’installation sont rapidement over, la routine embarque, et on se retrouve à ne jamais être entièrement satisfait de notre chez-soi.

C’est dommage parce qu’il y a tellement d’alternatives simples et peu coûteuses en matière de déco : il y a des millions de tutoriels sur internet pour apprendre comment faire pratiquement tout soi-même. Il faut simplement oser et se lancer! Il y a par contre certains objets coups de coeur pour lesquels ça vaut la peine d’investir un peu plus, car on va les conserver très longtemps, et ils feront toute la différence dans nos pièces favorites. J’ai particulièrement aimé la sélection d’items déco faits au Québec que notre Crépue Carole-Anne a concocté! Son goût est très sûr; n’hésitez pas à y jeter un coup d’oeil ici et ici. En ayant toujours un work in progress dans son petit nid, on le garde vivant!

Apprivoiser le silence

Quand on angoisse à l’idée d’être seul-e chez soi, le silence fait partie des ennemis à proscrire à tout prix. Personnellement je n’arrivais jamais à m’endormir sans musique ou sans un film, je n’aimais pas m’entendre mastiquer mes céréales, je faisais une allergie à l’absence d’ambiance. Aujourd’hui, je m’applique à changer cela. En allant me coucher ou en faisant des devoirs, j’allume une chandelle ou j’ouvre une fenêtre. Quand j’écoute de la musique, c’est le moins fort possible pour ne pas que ça prenne toute la place (à part en passant la balayeuse!).  Je m’endors toujours sur une note positive grâce à ma Happiness Jar, et mon amie m’a dernièrement donné le truc de contrôler ma respiration en inspirant les aspirations, les rêves, les objectifs, et en expirant le négatif, le stress, et les frustrations. C’est comme compter des moutons version adulthood! Et je suis bien obligée d’admettre que ça calme!

C’est l’arrivée officielle de l’automne, des thés chaï, des grands foulards, des comédies romantiques, des brownies faits maison, des romans interminables et des siestes en après-midi : faites ce qui vous rend heureux, et faites-le chez vous! Prenez le temps d’apprécier les petits moments de la vie et de passer du temps en tête-à-tête avec vous-même.

Je vous laisse sur la phrase très inspirante qui est inscrite sur l’ardoise en entrant chez moi.

«Vaut mieux un petit chez-soi qu’un grand chez les autres.» Proverbe français

AA ♥

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