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En attendant quoi?

-Sérieux, j’haïs ma job.

-Pourquoi tu restes là?

-Ben, j’ai besoin d’argent!

-Ouais, mais postule ailleurs?

-Non, mais anyways, c’est juste en attendant.

-En attendant quoi?

-Ben, je sais pas, moi. En attendant quelque chose de mieux.

J’ai l’impression d’avoir entendu cette discussion-là des tonnes de fois. Dans le top des phrases les plus prononcées, je pense que « c’est juste en attendant » pourrait figurer au sommet. Et ce qui est vraiment particulier, c’est que j’ai probablement été autant de fois celle qui le disait que celle à qui on le confiait.

Quand j’y pense, je me dis que je perds un temps fou à attendre après je-sais-même-pas-quoi par peur de je-sais-pas-plus-quoi. À force d’exister sans vraiment vivre, j’ai peur que le mode automatique prenne le dessus et qu’on en vienne à tous agir comme des automates.

On attend tous.

De finir nos études. D’avoir plus d’argent. D’atteindre le succès. D’avoir des enfants. De trouver une meilleure job. Que la personne qu’on aime nous aime aussi. Que nos projets arrêtent de tourner en rond. Que le soleil revienne. Que le bonheur se pointe pour de bon.

Y’a toujours quelque chose. On n’est jamais satisfaits.

Je comprends qu’il faut quand même un peu planifier notre avenir, mais je pense qu’à force d’attendre, on profite de rien.

Pourquoi on se contente du minimum « en attendant »? Il me semble qu’on vaut plus que ça, non?

On va continuer de viser le bas de l’échelle juste au cas où y’arriverait quelque chose de mieux?

Et si ça n’arrivait jamais?

Pourquoi on ne viserait pas toujours plus haut? Et si on se donnait la permission de penser qu’on vaut mieux qu’un quotidien « correct ». ? Je pense que le quotidien pourrait être « vraiment cool » si on s’y mettait.

Pis si c’était aujourd’hui que les choses allaient mieux? Qu’on avait assez attendu.

Quand on y pense, il n’y a absolument rien qui nous empêche de chercher un nouveau travail. De changer de programme d’études. De quitter un conjoint avec qui ça ne fonctionne plus. De déménager. De partir en voyage. De fonder une famille. De lui dire, à cette personne qu’on aime, que le succès ne vaut rien sans elle avec qui le partager. La seule chose qui nous en empêche, c’est nous. Nous pis nos maudites conventions prémâchées qui nous figent parfois dans une vie qui ne nous plait pas tant que ça.

C’est juste en attendant?

Ok, mais en attendant quoi? En attendant d’être mort?

Et si « en attendant » de vivre, on décidait de VRAIMENT vivre?

Par Sabrina Asselin-Latulippe

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