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L’enfance pour la fin

« Personnellement, ça fait 250 personnes que je découvre mortes à leur domicile, seules, sans personne. »

En mai dernier, lors de belles, mais sobres funérailles qu’il avait organisées à l’église Saint-Roch dans la capitale nationale, l’indispensable Gilles Kègle faisait cette terrible confidence. Certaines âmes étaient d’ailleurs venues faire leurs adieux à la vie, d’aussi loin que des maritimes et de la Gaspésie. Mais la demande est hélas grandissante, et M. Kègle supplie les gens de donner à sa fondation pour l’aider, lui ainsi que ses bénévoles, à rendre un dernier hommage, dans la dignité, à ces anonymes de notre quotidien.

Ainsi, si mourir est la fin de tout, la solitude et l’isolement sont, pour plusieurs dans notre société, le début de la fin. Et quelles personnes dans le monde de productivité et de consommation actuel sont les plus exposées à être laissées de côté? Celles qui ne travaillent plus, qui consomment peu et qui demandent de l’attention et des soins : les personnes âgées.

Heureusement, le soleil s’est remis à briller pour nombre d’entre elles à travers un concept absolument génial qui « fait des petits ».

« Pour les personnes âgées, juste le fait de voir et d’entendre des enfants provoque un sourire. »

À Ottawa, dans le secteur Orléans, on a vu naître une garderie intergénérationnelle à la Résidence St-Louis, où des personnes âgées côtoient désormais au quotidien des enfants d’âge préscolaire. Ainsi, non seulement les aînés retrouvent le sourire au contact des générations de l’avenir, mais ils sont valorisés par les plus petits qui découvrent à travers eux certains talents comme la lecture d’une histoire. Il y a aussi les activités communes, comme des exercices physiques, pour la dextérité et la motricité.

« L’énergie que ça donne aux résidents : avec de la joie, de la brillance dans leurs yeux. »

À Québec, dans le quartier Limoilou, les 160 résidents autonomes et semi-autonomes des Jardins de Flandre ont la chance, deux fois par mois, de recevoir la visite de jeunes familles avec des enfants de moins de 5 ans. L’objectif : promouvoir la solidarité entre les générations. Rapidement, cette initiative a porté fruit : les activités ludiques ont généré énergie et positivisme chez les uns et les autres, les plus sages se rappelant, au contact des chérubins, leur propre enfance ou celle de leurs enfants. Les parents aussi y trouvent leur compte, car pour ceux dont les parents sont loin ou décédés, permettre à leurs petits de partager des activités avec des membres de cette génération est un privilège.

« Un résident s’est remis à parler après un an au contact des enfants. Il a dit : “Ah! Ils sont beaux, ces enfants.” Ce fut un moment émouvant, d’autant plus que son fils était à ses côtés. »

Toujours à Québec, d’autres résidents âgés égaient leur retraite en compagnie de tout-petits, soit ceux du Centre d’hébergement Champlain-des-Montagnes. En effet, ces derniers, de par l’aménagement des lieux, voient régulièrement des bouts de choux se promener dans les corridors, lisent des contes aux enfants, font avec eux du tai chi et du jardinage. Ainsi, les aînés peuvent valoriser et faire profiter aux plus jeunes leur expérience, et les plus jeunes peuvent développer leurs habiletés. On observe déjà l’éveil, ou à tout le moins, le maintien des capacités affectives et cognitives des aînés, tandis que les enfants découvrent ou redécouvrent le bonheur d’avoir des grands-parents.

« Ici, le comité d’accueil a les cheveux gris. »

S’il existe peut-être d’autres initiatives du genre au pays, je tiens à souligner que le vieux continent n’est pas exclu, du moins la France, où les crèches (c’est ainsi qu’on appelle là-bas les garderies et les CPE) s’installent de plus en plus dans des maisons de retraite. C’est notamment le cas dans la ville de Montpellier, dans le quartier des Grisettes. Très personnellement, cependant, je déplore la mise en place d’une vitre qui sépare les deux générations. Heureusement, des activités de lecture et de cuisine communes sont prévues!

En somme, si ce phénomène de cohabitation intergénérationnelle entre les personnes âgées et les bambins est de plus en plus populaire, qu’on le voit apparaître dans plusieurs établissements et que d’autres milieux semblent vouloir l’adopter, c’est parce qu’il procure à tous ses bénéficiaires des moments uniques, une existence où chacun et chacune se sent aimé, reconnu, apprécié.

Je me le souhaite. Du bonheur, du début jusqu’à la fin.

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