Sommaire
Si je faisais de la télé, je créerais une nouvelle série, « Du monde comme les autres », qui mettrait en vedette, chaque jour de la semaine, l’une des sept protagonistes funky que voici…
Lundi
La première valeur de Abigail est sa famille.
Enseignante dans une prison et amie fidèle qui ne rate pas une occasion d’inviter ses amies à une activité de troc du quartier où elle récupère des vêtements d’enfants pour refaire sa garde-robe (oui, Abigail est naine, mais ça n’a aucune importance), elle élève, avec son conjoint Yannick (athlète olympique) ses deux enfants, Zohra (cinq ans, bricoleuse) et Brian (trois ans, intellectuel).
Ses enfants, elle les a eus de son frère Derek (globe-trotter) et de sa belle-sœur Fatima (ethnologue) qui sont accidentellement morts durant leur dernier voyage.
Aujourd’hui, entre les sorties à vélo et le ramassage des déchets dans le quartier, Abigail porte le premier enfant d’elle et Yannick depuis huit mois, mais d’une grossesse à risque : Camille…
Mardi
Pour Esmeralda, c’est l’amitié d’abord.
Elle connait Abigail depuis la maternelle, et dans leur bloc où elle fait compostage et jardinage avec leurs voisins, Esmeralda organise pendaisons de crémaillère, soirées d’accueil des nouveaux locataires, déménagements et adieux aux gens qui partent.
Indépendante qui vit avec sa grand-mère Wirma, son chien guide Gaspacho et son fauteuil roulant (Esmeralda est handicapée et aveugle, mais ce sont des détails), elle est aussi la répare-tout embauchée par le propriétaire de l’immeuble, devenu un ami ces neuf dernières années : Ulric, un policier à la retraite.
Un jour, Ulric demande à Esmeralda si son nouveau colocataire et amant Hubert, un artiste underground extrêmement doué et à l’attitude baba cool, est en fait un criminel…
Mercredi
Pour Heidi, la vie est amour.
Cette année, elle a vécu ses fiançailles auxquelles elle a invité ses copines du cégep Abigail et Esmeralda.
Heidi est aussi experte de la Saint-Valentin et de tout rituel coquin ou romantique, après avoir complété une maîtrise en psycho-sexologie.
Simon et elle ont décidé d’attendre un peu avant de se marier : elle doit terminer sa thèse en psychologie sur les adeptes de la transformation du corps, et lui, son cours de soins aux personnes âgées en fin de vie.
Puis débarque Karine, chroniqueuse à potins de la ville, qui a entendu parler de Heidi et qui veut son témoignage sur le fait qu’elle porte… une barbe.
Jeudi
Travail est son deuxième prénom. En effet, Pascale n’arrête jamais.
Femme d’affaires propriétaire d’un immense condo, elle préfère sortir avec ses chums du secondaire Abigail, Esmeralda et Heidi pour la tournée des bars weirdos de la ville le vendredi plutôt que de dater.
La carrière de Pascale est en fait ce qui l’importe tout court (les gens qui la connaissent n’en font pas tout un plat). Dans la boîte d’import-export où elle travaille, elle est la seule femme… et la seule personne qui brasse autant de millions. Ainsi, ses collègues lui vouent un immense respect (Pascale est autiste, pas stupide).
Puis, une entreprise concurrente vient lui proposer un poste de cadre…
Vendredi
Nokomis, alias « fille de la lune », collectionne les prix pour sa beauté, mais entre deux tournées internationales, elle en a souvent marre d’être une star de lingerie X large que le monde entier s’arrache et est fatiguée de sa relation avec Tushan (son agent) et QiAng (sa collègue). Elle les envoie tantôt valser, tantôt dans son lit.
Nokomis est bipolaire, attirante, un génie, mais qui se lasse de tout. Ou presque.
C’est ainsi qu’elle propose un jour une fuite à ses amies de party Abigail, Esmeralda, Heidi et Pascale : s’isoler, le temps d’un été, dans une yourte et y vivre à la manière de leurs ancêtres coureurs des bois, cueilleurs de fruits, chasseurs, pêcheurs, cultivateurs et colons (Nokomis est Amérindienne, après tout!)…
L’idée est trop insolite pour être refusée…
Samedi
Maissane est anarchiste.
Elle et Jonathan se sont toujours connus. La mère de Jonathan avait une garderie chez elle où elle a accueilli Abigail, Esmeralda, Heidi, Pascale… et Maissane.
Quatorze années qu’ils forment le couple idéal. Et depuis Orphélie plus que jamais, puisque leur fille est devenue leur raison de vivre.
Sinon : austérité, pollution, corruption… toutes les manifestations les interpellent! Ils y vont main dans la main, Orphélie se chargeant vaillamment de faire résonner les cloches et les trompettes à tout vent.
Punks, car parents depuis six ans, ils ont longuement réfléchi à l’avenir : ils viennent donc de décider de fonder une coopérative d’habitation solidaire urbaine et citoyenne uniquement gérée par ses locataires… anarchistes.
Dimanche
Autrefois Rashid, aujourd’hui Natun (« nouvelle »).
Jour de la fierté gaie où elle rencontre ses futures amies alors bénévoles Abigail, Esmeralda, Heidi, Pascale, Nokomis et Maissane.
Natun est une personnalité discrète. Une perle qui ne sort de sa coquille que pour chanter.
Sauf qu’elle y a rencontré l’amour, dans cet univers de reines, de plumes, de faux cils et de joie. Un soir de karaoké trop encoloré. Il venait de trop loin celui-là. Et surtout, elle n’était pas encore devenue, dans son corps, une femme.
Volya, ce bel Ukrainien qui l’a abordée pour lui parler de la chanson qu’elle venait si divinement de chanter sur scène, avant de passer le reste de la nuit à l’embrasser et à la baiser.
Qu’a-t-il gardé d’elle? Elle qui était alors un il?
Natun est allée pleurer au hasard d’une église, où elle a rencontré Sœur Inès, lesbienne et ancienne escorte de luxe…
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Ces personnages et ces histoires sont fictifs, mais ils s’inspirent de la réalité : la différence fait partie du monde parce que nous serons toujours différent pour quelqu’un d’autre.
En revanche, nous avons en commun des joies, des peines, des surprises, l’amour, la haine, la jouissance, la vie et la mort.
Pourquoi ne pas en parler, hein?
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