Je n’aime pas la condescendance. Je n’aime pas le monde condescendant ni répondre à des questions condescendantes. Je suis tannée. Tannée de toujours donner les mêmes réponses aux mêmes questions.
« Tu es en quoi à l’université? »
« Littérature. »
Ma réponse remplit un froid par un autre. Si j’avais dit « Médecine », on m’aurait regardée avec admiration. Si j’avais dit « Droit », j’aurais eu l’approbation. Ma réponse n’est pas assez spectaculaire.
« Ah… Et est-ce qu’il y a beaucoup de débouchés? »
Avant, je disais oui, comme pour me justifier, comme pour essayer d’exister. Je déblatérais des mots, des postes que j’avais mémorisés par cœur. Après, je faisais juste acquiescer quand on me disait : « Tu vas enseigner le français alors? », même si je n’en avais aucune idée, juste pour que la conversation cesse.
En m’inscrivant dans mon programme, j’ai reçu plusieurs commentaires comme : « Tes parents, eux, ils en pensent quoi? ». Mes parents sont contents que j’aie trouvé ce que je veux faire « quand je serai grande ». Je n’ai jamais voulu être astronaute ou vétérinaire, mais quand on est jeune, on n’entend pas parler des autres options qui s’offrent à nous.
Je suis certaine que je ne suis pas la seule qui se sent étouffée par la norme ou par le salaire qui vient au bout. Je ne veux pas vivre ma vie en y consacrant la moitié à faire un métier qui rapporte, mais que je n’aime pas. J’ai peut-être la tête bien enfouie dans les nuages, mais je ne vois pas l’intérêt de faire quelque chose que je n’aime pas.
C’est sûrement utopique de dire qu’un jour, moi je veux faire de ma passion mon travail. Je veux me réveiller le matin et sentir que je suis réellement vivante, que je ne me lève pas du pied gauche et que je vais me coucher le soir venu en ayant l’impression de m’avoir un peu plus accomplie. Je crois de tout mon être qu’on peut faire tout ce que l’on désire si l’on y met du cœur. Je suis peut-être irrationnelle, en effet, mais l’intérêt, il est où sinon?
Faire de l’argent pour acheter une grosse maison dans laquelle je ne serai jamais à cause que je travaille trop? Non merci. Je choisis le petit appart dans lequel je récolterai les souvenirs des matins trop longs et des nuits trop courtes. Je choisis de laisser tomber les hôtels cinq étoiles et les voyages en croisière pour les troquer contre une paix intérieure à cette idée de vivre de ce que j’aime.
Je ne compte pas redescendre les pieds sur terre parce que je n’en ai pas envie et parce que je sais ce que je ne veux pas. Je suis de ceux qui croient en l’imaginaire et en la création, qui croient en l’humain et en ses passions. Je suis de ceux qui croient en la vie et qu’elle nous pousse exactement où on devrait aller.
Je crois qu’il existe une idée commune, mais autant de façons de l’exprimer que d’individus. Je suis convaincue qu’on peut faire quelque chose de beau avec ça.