from-italy.com
Blog

Les fesses de mon boss

J’aime regarder les fesses de mon boss. Voilà, c’est dit.

Je suis le cliché de la jeune professionnelle en mal d’amour et de cul. Faites de ma vie un dérivé de Fifty Shades of Grey. Mon boss est sexy. Pis, oui, j’aime les fesses de mon boss et je mentirais en disant que j’ai jamais fantasmé d’y pogner le cul dans l’ascenseur. J’mentirais encore plus si j’avouais pas avoir désiré faire frotti-frotta, en étoile, sur la table de salle de conférence, juste question d’y pogner les fesses toutes nues, à pleine main.

Ces idées de fesses toutes nues, je les garde pour la maison. Je reste professionnelle quand même. Vous me prenez pour qui? Je les regarde uniquement que si elles sont habillées.

Ces fesses, se sont des fesses de haute compétition. Des fesses rondes, musclées, rebondies, pas trop larges, pas trop fines. Des fesses pour rougir jusqu’aux joues, pis au bout des oreilles.

Il est terrible : il a tout pour lui, tout le monde à ses pieds, j’ai vu sa bague et imaginé sa femme, saisi l’ensemble de ses réussites. Bref, un gars pas du tout mon genre. Je suis comme toutes les pauvres filles de mon âge. Je préfère les losers qui ont besoin d’être sauvés.

Mais reste encore que sa plus belle réussite, se sont ses fesses. Ses fesses de joueur de water-polo. J’ignorais que ça faisait des fesses aussi miam, le water-polo. Ma théorie (élaborée sur l’heure du dîner hier), c’est que l’élastique de son Speedo retient les chairs en place et compresse les muscles.

J’ai pas fait exprès (au départ) de les regarder. Faut dire que les gars font pas beaucoup d’efforts… pour ne pas qu’on les regarde. Quand même. Rentrer sa chemise dans son pantalon, c’est comme un appel, non? Enlever son veston, c’est me dire « Regarde-moi », non?

Comme un col en V sur une belle poitrine, non? Je trouve des excuses, tu crois?

La première fois, j’ai pas fait exprès. Je le jure. Vous voyez la scène? Il marche dans le couloir, quelques pas en avant de moi, téléphone à la main, suivi de moi, son genre d’assistante, avec mes papiers, à la traîne. L’ascenseur n’arrive pas. Je classe un papier et là, oups mon regarde passe du dossier à ses fesses. Assez banal, en somme.

Sauf que j’ai (vraiment) aimé ça. Mon Dieu que j’ai aimé ça. J’y repense encore et j’aime autant ça.

J’ai recommencé dans l’après-midi, pendant qu’il signait un contrat, debout contre son bureau. Coupable. Pendant qu’il se servait un café. Re-coupable : la machine à café donne sur mon bureau. Pendant qu’il présentait un PowerPoint. Re-re-coupable. Alors qu’il quittait mon bureau. Re-re-re-recoupable.

Le pire, c’est quand il m’a fait venir dans son bureau. Il m’a demandé de prendre sa place et de corriger vite fait un mal. Je me suis assise. Il est resté debout à côté de moi. Sa fourche, à la hauteur de mes yeux. Tout ce que j’ai trouvé à dire, c’est « Ça va être long? » Cette fois-là, j’ai décidé que ce n’était pas ma faute. Tu ne portes pas du blanc sans croire que je vais pas regarder. Le blanc, ça grossit les fesses.

Bref, c’était pas ma faute.

Ma faute?

Attends une minute, papillon…

Pourquoi je me justifie?

Un manque de professionnalisme flagrant?

Forcément pas. Jamais.

Je ne me voile pas la face. Les gars, eux, ne se privent pas pour regarder mes fesses. Ils ne se privent pas pour regarder mon décolleté parce que je ne me prive pas non plus d’en porter. J’ai assez de fesses et de seins, assez de confiance pour ne rien avoir à cacher de tout ça. Et puis, les autres filles, vous, elles aussi regardent les fesses de mon boss. Seule différence, elles ne le disent simplement pas, comme moi.

Maintenant, tout le monde regarde tout le monde. Je ne me leurre pas. Au travail comme ailleurs. C’est devenu une habitude. Une habitude un peu taboue, mais une habitude quand même. On est au marché à peu près partout, maintenant.

Alors pourquoi pas moi?

Dans toutes ces heures supplémentaires que je ne déclare pas, simplement question de faire ma place.

Dans ces journées où je ne m’arrête même pas pour manger. Bien, oui, j’avoue, je me permets de lever les yeux de mon ordinateur quand il passe dans le couloir.

Je me le permets. Et puis?

Je me l’autorise parce que :

  1. Je sais que je sais que je le fais avec respect. C’est pas uniquement un morceau de viande. Si c’est le cas, son cerveau est sans doute la meilleure pièce de son corps. Avant ses fesses. Avant d’admirer ses fesses, j’ai appris à l’admirer lui, pour son intelligence et sa détermination. Pour son incapacité à se satisfaire d’une chose s’il devine qu’elle peut être améliorée. Il mérite complètement et totalement ce qui lui arrive. Je me considère chanceuse de travailler à ses côtés, et ça, je lui dis toutes les semaines.
  2. Je sais que je veux seulement regarder. Bon peut-être dans un absolu y toucher. Mais rapidement, je me rappelle les conversations charmantes qu’il a avec sa femme sur leurs vacances, leur enfant, et le repas du week-end prochain, et ça, ça le rend encore plus admirable et intouchable pour moi.
  3. Je sais que je travaille assez dur pour me permettre de lever les yeux quelques minutes par jour. Les écrans, c’est pas toujours bon… C’est une petite douceur dans mes journées.
  4. Je le fais avec discrétion. J’ai pas envie que ça se sache. J’ai pas envie qu’il le sache. Je tiens à notre lien.

Bref, c’est mon petit plaisir coupable au bureau, entre deux rushs, deux courriels angoissants, quand sa voix retentit et me demande de venir le voir à son bureau, je prends une grande respiration et je me dis : keep calm and take a look at this butt!

Source photo de couverture

Autres articles

La techno à notre service…

adrien

Working 9 to 5 (ou comment bien looker au boulot)

adrien

lâche

adrien

TSPT

adrien

Relations amicales dysfonctionnelles

adrien

Le développement de soi en camp de vacances

adrien