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Se faire l'avocate du diable, tout l’temps!

J’ai la manie urgente de toujours argumenter. J’adore discourir et gagner. J’adore montrer, par mes arguments et mes connaissances, que JE GAGNE. Ça vient de loin, c’est sûr, peut-être de ma naissance, ou plutôt de mon éducation. Je suis la plus jeune d’une famille de quatre enfants. Pour « gagner » contre eux, fallait que je me prépare en « torrieux ». C’est là que j’ai appris le négativisme. Pas comme dans « négatif mauvais » ni dans « péjoratif », négatif comme dans « l’inverse », comme en photographie. Ce qui se réfléchit à la lumière, devant son inverse, si on pousse la métaphore photographique au maximum. Grossièrement, se faire le yin de toute, tout l’temps.

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L’expression « se faire l’avocat du diable » provient de l’Église catholique romaine, qui nommait l’advocatus diaboli, une personne chargée de trouver des arguments défavorables à la canonisation d’un possible-futur-saint (PFS). Elle devait fouiller et trouver des commérages sur le PFS, et si elle en trouvait, se mettait à le « bitcher » en lui prêtant des accointances sataniques avec sa majesté des mouches. La formule a existé de 1587 à 1983, tout de même, mais a été abolie par Jean-Paul II[1].

Aujourd’hui, le terme réfère plutôt à un processus de dialectique, voulant provoquer des questionnements plus aiguisés chez son interlocuteur, ou même chez soi-même. Oui, oui, je suis d’accord, mais imagine que…

Vite de même, je le vois que c’est « gossant ». Je comprends aussi, qu’à la longue, ça devient épuisant de toujours être dans un processus argumentaire. Il est là, mon problème.

J’aime ça gagner, mais faut que je choisisse mes batailles. J’aime encore les débats, je ne suis pas en train de me censurer. Si par exemple, je parle de sujets qui me tiennent à cœur avec mes amis, ma famille, mon chum, c’est sûr que je vais devenir émotive et que la guerrière en moi va vouloir les scalper si j’suis pas d’accord. Je suis de même…

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Et puis dans un même ordre d’idée, si je rencontre du monde qui m’écœure parce que je partage aucunement leurs valeurs, je vais aussi avoir tendance à parler. Tout ce temps-là, je vais être convaincue qu’argumenter avec eux est la chose à faire. Alors que oui, je devrais, tout simplement, choisir mes batailles.

J’en parle, pis je sourcille moi-même devant mon champ lexical de guerre. Parler, discuter, c’est différent du débat. De la bataille. Je devrais pas vouloir me battre avec les gens que j’aime. J’ai des discussions très animées avec des amis, mais toujours, y’a de l’écoute, du respect, des pauses pour réfléchir… Avec mon chum, y’en a moins. Je sais pas quand m’arrêter avec lui, c’est vraiment souvent des joutes, c’est vraiment souvent de voir qui va sortir vainqueur. Je le sais que c’est con, ça devrait être la personne avec qui je veux le moins m’engueuler, mais c’est souvent avec lui que ça finit le plus « laite ». On finit « frus », les deux, parce qu’en plus, on est orgueilleux.

Je sais que c’est moi qui l’amène là, qui le force des fois, à parler de sujets plus tabous, même si y’est clairement pas dans le mood killing you with my arguments. Je m’explique mal ce qui me pousse à toujours aller là avec lui. Sûr, j’ai un problème d’ego, genre je veux qu’il le sache que je suis éloquente, comme si je voulais le lui prouver, tout le temps, partager la bonne nouvelle…

Mais l’idée de me sentir en représentation me plaît pas. Regarde comme je suis patati‑patata. Je suis en pleine prise de conscience, au fond. Si je sais que je suis d’une certaine manière, et que cette manière me correspond à moi, je n’ai pas besoin de l’approbation. J’ai besoin d’un miroir. Mais puisque je suis en amour, je vais tenter de casser mon moule, de casser le reflet narcissique que tout ça me renvoie et je vais tenter d’apprendre à vivre avec les autres.

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