Elle n’est pas si grande, pas si grosse, pas si belle non plus. Juste un regard qui te défige un cœur gelé de son ampleur. Son sourire sent le sexe. Elle n’est qu’une vulve et un vagin, esclave de ses tentations absurdes et irrationnelles, une bénévole dans l’industrie de la chair. Les filles la traitent de salope, de pute. Les garçons la recherchent, se vantent de l’avoir eu entre les mains et d’avoir connu le va-et-vient de ses reins.
Elle est capable de s’oublier entre deux halètements viscéraux que l’homme chuchote à son oreille. Elle se cache le visage dans l’oreiller en criant. Non pas de plaisir, mais de douleur intérieure, celle qui te brûle l’âme. Ses cris passent inaperçus dans ce monde de moiteur et de palpitations.
Le sexe la tue, sournoisement, elle se fait tuer par son point G.
Elle attend la prochaine pénétration comme on attend le douzième coup de minuit. Elle veut être reconnue et aimée des autres. C’est pour elle l’amour le plus pur que d’apprécier son plaisir charnel. Que de se faire arracher son soutif, que de se faire prendre, rudement, par un inconnu dont elle oubliera le nom. Sans cesse, elle se pavane les seins relevés vers la Lune, comme deux mains en prières. Elle n’a connu que ce genre d’attachement à l’Humain, un attachement vide de sens, mais qui pour elle en avait un. L’homme qui la fixe, qui la salive, ne sait dans quel piège il vient de mettre ses pieds. Les péchés qu’elle lui fera subir seront tels qu’il ne pourra jamais oublier le bruit de son corps contre le sien et l’odeur de l’amour que cette femme lui a insufflée avant de remonter ses sous-vêtements.
Elle oublie son âme et son cœur, elle n’est devenue qu’un corps. Elle s’y perdra dans ce labyrinthe d’orgasmes et s’étouffera avec ses propres soupirs.
Un jour, son âme s’en ira, ne laissant derrière elle que des traces de sueurs dans son lit, un fluide jeté aux déchets. Quand se mettre à genoux, quand sentir l’odeur d’un anonyme ne sera plus assez, que fera-t-elle?
Qui regardera-t-elle dans la glace?
Qui pourra-t-elle aimer?