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La fois où je suis devenue escargot – Par Mary Lynn

Moi, Mary Lynn, nouvellement escargot.

Pendant 23 jours, j’ai transporté ma vie sur mon dos et j’ai découvert l’Espagne (et un peu la France) ; la Côte d’Azur, Barcelone, Valence, Madrid, Burrrrrgos et Bilbao. C’est gros pour moi qui n’avais jamais traversé l’Atlantique ni même été un escargot à sac à dos (t’sais avoir ta vie sur ton dos). Dans ma tête, c’était le Cambodge ou pire, l’Iran. Genre, tu dors dans une tente dehors, y’a pas de papier de toilette pis tu passes ta vie dans les trains (odorants) au lieu de dormir à l’hôtel/auberge/appartement de quelqu’un de semi-louche. En réalité, c’est vraiment pas si pire, tout dépend de comment tu planifies ton voyage. Mais, j’te dis que j’ai pas dormi dehors ni dans les trains pis j’ai quand même bien mangé et, surtout, j’ai vu des choses extraordinaires.

En stock dans des ziplocks (en terme de fashionnista) : 2 brassières, 4 bobettes (pis laisse-moi te dire que si une paire tombe en bas de la corde à linge tu sacres), 4 chaussettes, 2 pantalons, 2 shorts, 2 camisoles, 1 t-shirt, 2 chandails chauds, 1 bikini, 1 imper, des Nike, des gougounes, 1 chapeau pis that’s it. Tout est calculé pour que ça entre dans le sac. Feck, quand tu vois une paire de sandales avec du glitter (que tu veux absolument) tu y penses en maudit avant de les acheter parce que ça prend d’la place. Disons que le layering sur soi (l’escargot habillé en oignon) est bien pratique quand tu veux maximiser l’espace dans ton sac.

Feck, pendant 23 jours j’ai usé de toutes mes tactiques pour maximiser le mix and match (même en empruntant le linge d’Emilie). Laisse-moi te dire que des combinaisons j’en ai inventé une pis une autre pis que je dirai pu jamais que j’ai pu d’linge dans mon walk-in, ain’t no princess. C’est un drôle de feeling pareil de (bien) vivre avec aussi peu de trucs.

On avait une couple d’affaires pratiques aussi là ; un ordinateur, un cellulaire, d’la corde, des allumettes, des chandelles, des cannes de thon pis mon fameux sifflet jaune fluo. T’sais, moi j’suis du genre parano ; j’ai peur de me faire voler, usurper mon identité, attaquer. Même le gars à l’aéroport de Québec riait de moi avec mon sifflet quand je lui ai dis que j’allais en Espagne pis que si je me faisais attaquer j’étais prête. J’te dirais que rendu au jour 18 du voyage j’ai arrêté de le porter à mon cou (au grand bonheur d’Emilie), MAIS il était toujours accroché à mon sac !

Ce genre de voyage là ça te ramène à l’essentiel : avoir du plaisir, manger (des tapas, d’la paella, d’la mozza fraîche, du gelato et des churros), boire un breuvage (d’la cerveza), t’habiller confortablement, dormir quelque part où la porte se barre pis faire caca dans un endroit où y’a du papier de toilette.

Ça met en perspective différents modes de vie. Genre, tu te rends compte à quel point t’es stressé comme personne quand tu t’impatientes parce que tu reçois pas ton croissant que ça fait 5 grosses minutes que t’as commandé ou ben que t’es semi en criss parce que ton jus d’orange est température pièce (au moins il est fraîchement pressé). Tout ça pour dire que ça t’fait oublier ta p’tite personne 30 secondes pis tu te rends compte que tout va bien dans l’fond. Ça te fait apprécier ce que tu as et que tu prends souvent pour acquis. Le feeling de te retrouver quelque part où tu n’as aucun repères est vraiment thrillant.

…Parce que devenir un escargot c’est grandir et découvrir.

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